Depuis son arrivée à la mairie de Béziers (Hérault) en mars 2014 avec le soutien du Front national, Robert Ménard n'a de cesse de s'en prendre aux médias, et notamment au journal local Midi-Libre. Celui qui a défendu avec RSF la liberté de la presse pendant 25 ans multiplie attaques et droits de réponse envers Midi-Libre, et a déposé une plainte pour diffamation.
Tout récemment, Robert Ménard et son équipe sont allés jusqu'à publier le nom et la photo d'un journaliste dont les écrits ne lui plaisaient pas. Le rédacteur en chef de Midi-Libre à Béziers, Arnaud Gauthier, a réagi ce vendredi dans un billet intitulé « Jusqu'où ? ».
« Il faudrait alors que la plume des journalistes vante chacune de ses actions. Quand la ville co-organise une rencontre sur le handicap, ce n'est pas la cause qu'il faut mettre en lumière mais le maire », écrit-il. « Si ce n'est pas le cas, on se paie (merci aux contribuables) de pleines pages dans le bulletin municipal pour écrire "son" histoire. Soit. Mais l'équipe installée aux commandes de l'hôtel de ville de Béziers ne s'arrête pas là et dépasse depuis plusieurs jours la ligne du respect minimal. »
Et Midi-Libre de détailler : « Sur Facebook, comme dans son bulletin de propagande, Robert Ménard règle ses comptes. De quelle manière ? En assénant des contre-vérités pour décrier les articles ou encore en jetant en pâture nom et photo d'un journaliste à la compétence affirmée mais dont les écrits ne plaisent pas au premier magistrat. » « On attend demain la publication des adresses, histoire de monter d'un cran dans la persécution. Les réactions de l'extrême droite, la méthode Ménard, c'est aussi cela, dénonce Arnaud Gauthier. Celle qui rappelle des heures sombres, des heures passées. Passé dont le maire est, semble-t-il, nostalgique. Nous, non. »
En juillet déjà, le premier magistrat avait réglé ses comptes avec le quotidien dans son journal municipal, en dénonçant sur deux pages « l’erreur, l’inexactitude, l’à-peu-près » qui « semblent être devenus la règle » depuis son élection.
Dans l'opposition, de nombreux élus y ont vu la patte d'André-Yves Beck, le directeur de cabinet du maire issu de l'ultra-droite. Ancien idéologue du maire d'extrême droite Jacques Bompard, passé par plusieurs groupuscules d'extrême droite radicaux, Beck est à l'origine de la nouvelle ligne du journal municipal, arme de communication forte (le maire y a mis les moyens, malgré de nombreuses coupes budgétaires dans d'autres secteurs) :
Jeudi, Robert Ménard a de nouveau utilisé les moyens municipaux pour s'en prendre au journal. Dans un article sur fond rouge et noir du dernier journal municipal, le quotidien est à nouveau accusé de « mentir » et d'être « militant » :
La campagne pour les départementales – où Robert Ménard présentait dans les cantons biterrois des candidats en binôme avec le FN – a visiblement mis à cran la municipalité. Ces deux dernières semaines, le compte Facebook officiel de la ville a posté quatre publications s'en prenant à Midi-Libre :
L'une ciblait clairement un journaliste en particulier, dont la photo a été diffusée :
« C'est un journal comme vous, c’est-à-dire bourré de certitudes, d’a priori, de peu d’intérêt pour les gens et de beaucoup d’intérêt pour le monde politique. Que nos rapports soient tendus, c’est normal », avait justifié Robert Ménard, interrogé en janvier par Mediapart. « Désolé, Midi-Libre n'est pas le bulletin municipal. Il ne lui ressemblera jamais. Notre mission d'information est autre. Et nous continuerons à la mener », a rappelé vendredi le rédacteur en chef de Midi-Libre.
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