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La droite a profité d'un report de voix venues du FN et de la gauche

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Les responsables de l’UMP ont retrouvé le sourire. En sortant largement en tête du second tour des élections départementales, l’union de la droite et du centre, qui dirige désormais 67 des 101 départements, a permis à plusieurs figures de l’opposition de s’arroger le titre de « premier parti de France ». Une façon de remettre à sa place Marine Le Pen, qui en avait fait son slogan après les municipales et les européennes de 2014, mais surtout de mettre sous le tapis la réalité des urnes, où les scores élevés du Front national confirment son enracinement.

Persuadé d’être le meilleur rempart au FN, Nicolas Sarkozy a usé, durant toute la campagne, d’une rhétorique visant à renvoyer dos à dos la gauche et l'extrême droite. Sous l’appellation « FNPS », il n’a cessé de dénoncer une supposée alliance objective du Parti socialiste et du Front national, ce qui lui a permis, entre autres choses, de rester fermement campé sur la stratégie du “ni-ni” (ni FN, ni gauche) qu’il avait lui-même édictée en 2011, rompant avec le front républicain cher à la droite chiraquienne.

Nicolas Sarkozy en meeting de campagne pour les départementales, à Palaiseau (Essonne), le 16 mars.Nicolas Sarkozy en meeting de campagne pour les départementales, à Palaiseau (Essonne), le 16 mars. © Reuters

« Voter FN au premier tour, c’est faire gagner la gauche au second », déclarait le patron de l’opposition au Figaro début mars, prenant pour exemple la législative partielle du Doubs, où l’UMP, évincée dès le premier tour, avait vu la moitié de ses électeurs basculer vers le FN au second. L’analyse des résultats des départementales réalisée par Florent Gougou, chercheur associé au Centre d’études européennes, post-doctorant à l'université d'Oxford, infirme pourtant nettement cette assertion.

Ce spécialiste des comportements électoraux s’est concentré sur les 830 duels, ceux qui ont opposé le Front national à la gauche (293) ou à la droite (537) le 29 mars. Au regard de ses calculs, il apparaît clairement que la « droite modérée » a bénéficié dans tous les cas de figure de la présence du FN au second tour. Dans les duels FN-droite, le parti de Marine Le Pen a gagné 5,4 points, tandis que la droite enregistrait une hausse de 22 points. Le tout avec une participation stable. « Ce qui signifie que l’électorat de gauche n’hésite pas à voter à droite au second tour, précise le chercheur. Le FN étant plus fort au premier tour, il fait aussi plus peur au second. »

Quand bien même Nicolas Sarkozy recommence à s’emparer des thématiques traditionnelles de l’extrême droite, les électeurs font tout de même une « différence entre le Front national et la droite modérée ». L’union de la droite et du centre, préconisée par Alain Juppé, n’y est pas étrangère. En présentant des candidats communs dans un maximum de cantons, l’UMP, l’UDI, mais aussi le MoDem, ont remporté la mise un peu partout. À cela, s’ajoute la fameuse stratégie du “ni-ni” que le chercheur Joël Gombin qualifie de « succès ».

« Son “ni-ni” s’est avéré être un “et-et”, indique ce spécialiste des votes FN. Au second tour, l’UMP récupère et les voix du FN et celles de la gauche. Dans la mesure où il n’y a pas de réciprocité, rester sur le front républicain, comme le fait le PS, c’est travailler pour l’UMP. » L’analyse de Florent Gougou sur les quelque 300 duels qui ont opposé la gauche à l’extrême droite le 29 mars, confirment cette dynamique. Dans ce type de situation, le Front national a gagné 9,5 points au second tour et la gauche 12,7 points. Ce qui signifie que l’électorat de droite s’est lui aussi déplacé pour faire barrage au FN, mais dans une bien moindre mesure.

Pour le chercheur, « la bonne dynamique de la droite modérée est évidemment liée au contexte national et au vote sanction » contre la gauche gouvernementale. Elle est particulièrement perceptible dans les 261 cantons où ont eu lieu des triangulaires et où la participation a augmenté de 2,3 points entre les deux tours. Dans ces cas de figure, la droite a enregistré une hausse de 3,5 points, face à un léger recul de la gauche (- 1 point) et un recul, plus significatif encore, du parti de Marine Le Pen (- 2,1 points).

« Le vote pour la droite est un vote d’efficacité, commente Florent Gougou. Les électeurs se tournent vers les candidats qui leur semblent les plus à même de battre le gouvernement. »  Joël Gombin fait le même constat. « On sait qu’il y a une porosité entre l’électorat du FN et celui de l’UMP, mais cette porosité est asymétrique, dit-il. Les reports des voix UMP sur le FN se situent entre 40 % et 50 %, tandis que les reports des voix FN sur l’UMP sont plus élevés, autour de 80 % dans les duels gauche-droite. La partie de l’électorat un peu flottante entre les deux partis finit quand même par voter UMP pour battre la gauche. »

Fort de résultats élevés au premier tour, le Front national se heurte au plafond de verre du second tour. « Le FN a fait le plein de voix au premier tour et il ne lui restait plus aucune réserve pour le second », poursuit Joël Gombin, avant d’ajouter : « Cela interroge les limites de la stratégie (du parti de Marine Le Pen). En continuant de faire cavalier seul, il se heurte au scrutin majoritaire. » Nicolas Sarkozy peut donc se frotter les mains, car même si l’extrême droite « pèse fortement au sein des droites, à la fin c’est l’UMP qui l’emporte ».

En conservant une proximité avec le FN, en s’alliant avec le centre et en prônant le “ni-ni” face à une gauche qui n’a d’autre stratégie que celle du front républicain, la droite gagne à tous les coups. Du moins, pour le moment. Car si le Front national poursuit, comme il le fait scrutin après scrutin, sa progression et son travail d’implantation et de maillage local, les cartes risquent fort d'être rebattues dans les années à venir.

A lire aussi sur le blog de Tuxicoman : Les gardiens du nouveau monde


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