Nicolas Sarkozy y voit une « profonde aspiration à un changement clair ». Et ce changement, il veut l'incarner. En rassemblant autour de 30 % des suffrages exprimés, l’alliance UMP-UDI est arrivée, ce dimanche 22 mars, en tête du premier tour des élections départementales. Selon les résultats communiqués par le ministère de l'intérieur à minuit, 67 conseillers départementaux UMP étaient élus dès dimanche soir (27 UDI et 115 estampillés divers droite).
Pour le patron de l’opposition, toutes « les conditions d’un basculement massif en faveur de la droite et du centre » sont désormais « réunies dans un grand nombre de départements ». S’exprimant depuis la rue de Vaugirard peu après 20 heures, l’ex-chef de l’État a joué la victoire modeste, laissant à ses lieutenants le soin de se charger du service après-vente.
« C'est une belle vague bleue et une formidable victoire pour Nicolas Sarkozy », a ainsi déclaré le sénateur de Paris, Pierre Charon, au Monde. « C’est incontestablement une victoire pour lui car c’est la première étape de la reconstruction qu’il porte », a aussi indiqué au quotidien le secrétaire général de l’UMP, Laurent Wauquiez. « Il était euphorique, a également raconté un cadre du parti à Marianne. Il considère qu'il a gagné et voit ça comme une victoire personnelle. »
Quatre mois après son élection à la tête de l'UMP, le patron de l’opposition peut compter sur ses fidèles pour parfaire sa communication et valider sa stratégie de “droite décomplexée”, celle qui s’est cristallisée, en début de semaine, autour du débat sur les cantines scolaires et les repas de substitution.
« L’alternance est en marche et rien ne l’arrêtera ! », s'est encore enthousiasmé l'ex-chef de l'État devant les caméras. Comme l'a indiqué Fabien Escalona, enseignant à Sciences Po Grenoble, pendant la soirée électorale de Mediapart, il s'agit toutefois d'un « succès relatif », la droite et le centre ayant cumulé 32 % des suffrages lors des cantonales de 2011 et même 40 % au scrutin de 2008. C'est donc bien dans une fourchette stable, voire plus basse, que l'union de la droite se situe aujourd'hui. Et ce, alors qu'elle se trouve dans l'opposition, ce qui lui offre mécaniquement un avantage sur la gauche.
Devant ses proches, Nicolas Sarkozy s’est surtout félicité d’une chose : à ses yeux, les résultats de ce premier tour des départementales entérinent ses calculs. Lui qui justifiait son retour en politique en expliquant qu’il était le seul à pouvoir faire rempart à l’extrême droite ne peut que se réjouir d’une telle victoire. D’autant qu’elle invalide, toujours selon ses soutiens, la ligne de ses principaux adversaires en interne, à commencer par Alain Juppé. « Cette victoire donne raison à la stratégie de Nicolas Sarkozy et donne tort à tous ses concurrents », a confié Pierre Charon au Monde.
C’est pourtant bien le rassemblement avec le centre, MoDem compris, ardemment défendu par le maire de Bordeaux depuis plusieurs mois, qui a remporté la mise ce dimanche soir. En s’alliant avec l’UDI dans 80 % des cantons, l’UMP a permis à « la droite républicaine » de faire bloc face à une gauche dispersée. « Je continuerai à faire de l’unité et du rassemblement de notre famille politique notre priorité, a d’ailleurs indiqué le patron de l'opposition. Cette unité est la condition préalable aux yeux des Français pour incarner l’alternative républicaine qu’ils attendent avec impatience. »
Déterminé pour sa part à « démontrer l'inanité du programme du Front national », Alain Juppé s’est lui aussi félicité de la « belle victoire de (l’)union ». « Il apparaît très clairement que la seule force d'alternance crédible aujourd'hui c'est précisément notre alliance, ce rassemblement de la droite et du centre », a déclaré le maire de Bordeaux, candidat à la primaire de 2016, pour mieux souligner sa différence avec Nicolas Sarkozy. Car si l’ex-chef de l’État continue d’assurer « qu’il n’y aura aucun accord, local ou national, avec les dirigeants » du FN, son avancée sur le terrain des idées de l’extrême droite reste un marqueur fort.
Le bureau politique de l’UMP se réunira ce lundi, en fin d’après-midi, pour définir la stratégie du second tour, stratégie que le patron de l'opposition a déjà réaffirmée dans la soirée. « Dans les cantons dans lesquels nos candidats ne seront pas présents au second tour, cas peu fréquents, l’UMP n’appellera à voter ni pour le Front national, avec lequel nous n’avons rien en commun, ni pour les candidats de gauche, dont nous combattons la politique », a-t-il indiqué, confirmant le fameux « ni-ni » adopté dans la cacophonie à l’occasion de la législative partielle du Doubs, où l’UMP, évincée dès le premier tour, avait vu la moitié de ses électeurs basculer vers le FN au second.
Reste donc la question du “troisième tour” qui se tiendra le jeudi 2 avril et au cours duquel seront élus les futurs présidents de conseils départementaux. « Il y aura quelques départementaux compliqués, reconnaît un membre du bureau politique de l’UMP interrogé dans la soirée par Mediapart. Mais nous ferons tout pour que personne ne soit élu grâce aux voix du FN. Nous ne pouvons pas nous le permettre. Au pire, on perdra deux ou trois départements. »
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