Semaine houleuse pour la réforme des rythmes scolaires. Ce mardi, les animateurs de la ville de Paris ont massivement débrayé, perturbant le fonctionnement de 520 écoles sur les 663 que compte la capitale : la cantine et les activités périscolaires n’ont pas été assurées. Mercredi, les enseignants seront en grève dans plusieurs communes, notamment en Ile-de-France, rejoints parfois par les personnels d’animation et des collectifs de parents, comme à Bondy (Seine-Saint-Denis). Jeudi, ce seront les enseignants parisiens qui seront en grève. Selon le SNUipp majoritaire, 70 % des enseignants ne feront pas classe et 150 écoles seront totalement fermées. Enfin, le 20 novembre, plusieurs délégations d'enseignants de différents départements doivent se rassembler devant le ministère.
La fronde s'étend aux élus : après deux petites communes (Crillon dans l'Oise et Boves dans la Somme) qui, ces dernières semaines, ont fait marche arrière en revenant à la semaine de 4 jours, l’UMP vient de constituer un collectif de maires – ceux de Cannes, Mâcon, Courbevoie, Levallois ou Sceaux – qui affirment qu'ils n'appliqueront pas le décret Peillon à la rentrée 2014, « tant que l'impact financier ne sera pas maîtrisé et que l'efficacité contre l'échec scolaire ne sera pas démontrée ». Cette initiative de l’UMP intervient une semaine avant le congrès annuel des maires de France (du 19 au 21 novembre), congrès où, l’an dernier, François Hollande avait fait une première spectaculaire reculade en accordant un délai d’un an aux communes qui le désiraient pour appliquer les nouveaux rythmes. L’opposition attend avec gourmandise ce nouveau face-à-face.
À voir la mobilisation de cette semaine, il est difficile de nier que la réforme, appliquée depuis la rentrée dans 17 % des communes qui scolarisent au total 22 % des écoliers français, passe très mal dans certaines villes. Ce ne serait qu'une “minorité remuante” pour le ministère, qui a sorti en fin de semaine dernière une étude pas encore totalement finalisée – mais le temps pressait, semble-t-il –. Cette étude montre que dans 93 % des communes où la réforme est appliquée « aucun signalement » n’a été fait auprès des DASEN (directeurs académiques des services de l’Éducation nationale). Le chiffre laisse dubitatif, compte tenu de l’ampleur de la fronde sur le terrain.
La difficulté pour le ministère réside aussi dans le caractère très disparate et les demandes parfois contradictoires des acteurs mobilisés. D'un côté, les animateurs en grève demandent plus de moyens pour appliquer correctement les nouveaux rythmes et une amélioration de leur statut encore très précaire. De l'autre, les professeurs des écoles grévistes réclament, comme à Paris, la suspension immédiate du dispositif. Localement, les collectifs de parents se situent clairement sur cette ligne – comme à Aubervilliers par exemple – mais nationalement la FCPE, fédération majoritaire chez les parents, continue de soutenir la réforme : « Tous les acteurs ont maintenant les clés en main pour faire réussir une réforme qui a été prévue pour les élèves. Aux adultes de s'y adapter, aux communes de jouer le jeu », explique ce mardi dans un communiqué le président de la FCPE Paul Raoult.
La stratégie de Vincent Peillon consistant à faire le gros dos en attendant que se calme la tempête a atteint ses limites. Mercredi doit se tenir une nouvelle réunion du comité de suivi des rythmes scolaires. De nouvelles recommandations vont être présentées pour améliorer la mise en œuvre de la semaine de 4,5 jours. L’application de la réforme en maternelle, où des difficultés spécifiques sont remontées depuis la rentrée (siestes interrompues, activités périscolaires inadaptées, pertes de repères) fera l’objet de nouvelles directives. Pas sûr que cela suffise.
Car si le SNUipp n’a jusque-là pas appelé à une grève nationale, il assure désormais qu’une « grève nationale unitaire est nécessaire » pour « une remise à plat du dossier de la réforme des rythmes ». Et le syndicat l'annonce pour « début décembre ».
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