Mediapart a convié deux députés de la majorité parlementaire à exprimer leur vision concrète de ce que devrait être une politique de gauche en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme, après les attentats de Paris. Le socialiste Dominique Raimbourg, vice-président de la commission des lois, qui va notamment se saisir du texte sur le renseignement annoncé par Manuel Valls, est également l'ancien rapporteur de la réforme pénale votée il y a quelques mois.
L'écologiste Christophe Cavard, éducateur de métier, a présidé la commission d’enquête créée à la demande du groupe EELV après l’affaire Merah, et a signé un rapport de mai 2013 pointant la désorganisation du renseignement français.
Tous deux tentent de tracer la délicate ligne de crête sur laquelle le gouvernement et la majorité entendent évoluer dans la lutte contre le terrorisme djihadiste. Christophe Cavard s’« interroge sur le risque de réponses excessives » et rappelle que « l'esprit du 11 janvier » est aussi, pour les Français descendus dans la rue, l'expression d'un « attachement aux libertés ». Dominique Raimbourg développe de son côté l'idée selon laquelle « il faut absolument décloisonner l'organisation administrative » entre police, justice et éducation. Il explique ainsi qu'il serait nécessaire de multiplier « des interventions éducatives, pas seulement à la demande des juges ».
Les deux députés ont aussi confronté leurs vues sur l'encadrement du renseignement, alors qu'un projet de loi sur le sujet devrait être examiné en mars, et notamment des écoutes policières et judiciaires, ou sur le blocage des sites internet. Pour Cavard, c'est surtout l'idée que les contrôles puissent se faire « a posteriori » qui est inquiétant : « Si on écoute des journalistes, et qu'on ne le justifie qu'après coup, ça ne va pas. » Pour Raimbourg, « il vaudrait mieux rester vigilant sur les écoutes et l'être moins sur la géolocalisation, car elle est moins attentatoire aux libertés ».
« Pour Manuel Valls, il ne doit pas y avoir d'État d'exception, mais des mesures exceptionnelles, résume Cavard. Moi, je dis que celles-ci doivent être encadrées par les parlementaires, qui doivent poser un certain nombre de limites, et ne pas être du seul ressort de l'exécutif. »
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