Pierre Larrouturou a lancé l’idée des 32 heures avant même que les 35 heures ne soient votées. Il considère que le débat d’idées, qu’il appelle « la bataille culturelle », doit toujours précéder la bataille électorale. Dans son esprit « Nouvelle Donne » doit donc lancer des idées neuves, notamment sur le plan économique et sur le fonctionnement de la démocratie, puis les faire infuser dans toute la société. Très sévère avec le Parti socialiste, dont il a été membre avant de rejoindre (et de quitter) Europe Écologie, il rêve d’un rapprochement entre son parti, les écologistes, et le Front de gauche, au nom des « mêmes objectifs », mais en faisant entendre la voix de son parti « qui a d’autres réponses ».
« Avec Stéphane Hessel, explique-t-il d’emblée, on est allés à Europe Écologie, après avoir quitté le PS, parce qu’on pensait qu’Europe Écologie allait avoir un autre rapport à la politique, permettre au citoyen de s’exprimer, et on a été déçus. Si on a créé Nouvelle Donne, c’est qu’on a l’impression qu’il y a besoin de quelque chose de vraiment nouveau. »
Nouvelle Donne correspond donc à la recherche d’un parti différent, qui échapperait aux batailles de personnes et aux luttes de pouvoir. Pourtant, au bout d’un an, des divergences classiques se sont fait entendre lors de l’assemblée générale. Certaines dissidences se sont même exprimées et il y a eu des « néo-donniens », comme il y a des frondeurs au PS. Larrouturou s’en défend dans l’entretien : « On est jamais totalement parfait, mais en général, lorsqu’un parti existe, les fondateurs sont là pour tout verrouiller (...) Nous, quand on a créé Nouvelle Donne, on était quinze, et on a dit que dans un an, on aurait rendu notre tablier, on aurait tous démissionné, et on aurait fait de nouveaux statuts. Et il y a plus de quatre mille adhérents qui ont participé à ce travail sur les statuts ! On a de nouveaux statuts, on a de nouvelles instances ! »
Nouvelle Donne officiellement apaisée aura-t-elle des candidats aux cantonales ? Réponse en deux temps : « Pour nous, la vie politique ne se réduit pas aux élections. Dans les six mois, on va lancer une grande campagne, une bataille culturelle expliquant comment on peut sortir du chômage et de la précarité. On pense que si les libéraux sont arrivés au pouvoir c’est d’abord qu’ils avaient gagné une bataille culturelle. Et donc nous, puisque l’UMP et le PS ont tout fait pour faire croire que le progrès social est impossible, on va publier cent mille exemplaires d’un petit bouquin que tout le monde pourra lire en un week-end. On va former nos douze mille adhérents. L’essentiel pour nous, c’est de montrer que “pour de vrai” on peut sortir du chômage, de la précarité, que “pour de vrai” on peut changer l’Europe. Mais en même temps, on ne va pas faire une croix sur les départementales, et je crois qu’il y a cinquante endroits où il y a des candidats de Nouvelle Donne, parfois tout seuls, parfois avec des alliances, comme à Grenoble. »
« Avec qui ? demande Mediapart. Vous pourriez envisager d’avoir des alliances locales avec le PS ? »
La réponse est un réquisitoire : « Non, je pense que non. On a des amis au PS, mais la démocratie a besoin de clarté . Aujourd’hui s’allier avec le PS n’a pas de sens (...) Le PS n’apporte plus rien, et il aggrave les problèmes. Tout ce qui est fait depuis deux ans, ou presque tout, est dramatique. Je suis allé quinze fois à l’Élysée, et quinze fois à Matignon, et c’est juste honteux… Ils le savent que ça ne peut pas marcher ! On nous prend pour des couillons ! On a l’impression que ce gouvernement s’écrase devant les lobbies. »
« Dès lors avec qui s’allier ? » interroge Mediapart.
« On n'est pas dans un système d’alliance, objecte Pierre Larrouturou. Il faut d’abord faire connaître nos idées. Jean Jaurès disait que la politique, c’est des idées simples qu’on répète simplement jusqu’à ce que tout le monde comprenne que ça peut marcher. Il faut user le doute comme on fatigue la salade. Si on continue à compter sur le PS et sur l’UMP pour sortir de la crise, on va à la catastrophe. »
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