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Partielle du Doubs: un séisme pour l’UMP, un avertissement pour le PS

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 « Je ne me réjouis pas, je ne pavoise pas », a commenté le candidat socialiste Frédéric Barbier, soulagé mais lucide, après sa courte victoire sur le Front national. Une défaite eût été catastrophique, mais cette victoire n’en est pas une. Au bout d’une soirée d’angoisse, le communiqué du Parti socialiste allait d’ailleurs dans le sens de son nouveau député : « Cette victoire est une éclaircie, elle ne constitue en rien une embellie. Pour 2017, le danger demeure, non pas d'un 21 avril inversé mais d'un 21 avril aggravé. »

Sophie Montel et Marine Le Pen.Sophie Montel et Marine Le Pen. © (dr)

Effectivement. Esprit du 11 janvier ou pas, la situation de la France est désormais celle-ci : personne ne peut vraiment contredire le diagnostic de Marine Le Pen lorsqu’elle déclare que « le PS a gagné d'un cheveu, mais c'est le FN qui est le grand vainqueur de l'élection ». Même si, naturellement, la victoire d’un cheveu de Sophie Montel aurait fait l’effet d’un K.-O., et que le K.-O. n’a pas eu lieu.

Mais les faits sont là, 51,43 % pour le candidat socialiste, 48,57 % pour la candidate frontiste Sophie Montel. Malgré une mobilisation plus importante (6 403 électeurs supplémentaires au second tour), l’élection s’est jouée à seulement 863 voix. Ce résultat confirme le changement de nature du parti d’extrême droite, d’ailleurs enregistré par toutes les élections partielles : le Front national ne se contente plus, comme au temps de Jean-Marie Le Pen, de réaliser des scores notables au premier tour et de plafonner au second. Il grossit au second tour et profite lui aussi d'une plus forte participation. Il rassemble, pas encore toute la droite, mais une bonne partie d’entre elle.

Entre les deux tours, le candidat socialiste a progressé de 8 832 voix, ce qui est une proportion classique depuis trente ans. Mais la candidate Front national a attiré sur son nom 6 299 voix supplémentaires, et ce phénomène était impensable il y a seulement cinq ans. Souvenez-vous du score de Jean-Marie Le Pen en 2002 : 16,8 % au premier tour, 17,7 % au second !

Si Frédéric Barbier n’a pas perdu, c’est d’abord parce que le “Front républicain”, contrairement à ce que répète l’UMP, n’est pas tout à fait mort. L’addition de toutes les forces de gauche (PS, Front de gauche, écologistes…) plafonnait à 37 points le 1er février. Et le total de toutes les droites atteignait 60 % ! Il a donc bien fallu que des électeurs du candidat UMP aient suivi les conseils d’Alain Juppé ou de Nathalie Kosciusko-Morizet. Comme il a fallu que des électeurs d’Europe Écologie, et du Front de gauche, en dépit du silence de Jean-Luc Mélenchon, se résignent à voter pour “le moins pire”.

Il a aussi fallu que le ni-ni contorsionniste de l’UMP laisse à peu près indifférente une partie non négligeable des électeurs de la droite et du centre, même si on trouve une trace des consignes d’abstention dans l’accroissement des bulletins blancs ou nuls : 2 964 ce dimanche soir, c’est-à-dire 2 000 de plus que la semaine précédente.

Mais le principal enseignement se lit en fait dans la comparaison des élections de 2012 et de la partielle d’hier soir. Au second tour des législatives de 2012, dans un contexte très favorable au PS, Pierre Moscovici avait été élu dans une triangulaire, avec 49,3 % des voix, devant l’UMP à 26,2, et le FN à 24,4. Faites le total de l’extrême droite et de la droite cette année-là, et vous obtenez, grosso modo, le score du 8 février 2015 dans la même circonscription (48,57 %).

Nicolas SarkozyNicolas Sarkozy © Reuters

Ce qui frappe donc dans cette partielle, et qui est sans doute inédit, c’est que le stade de ce qu’on appelait la « porosité » entre les électorats de la droite et de l’extrême droite est désormais dépassé. Face au PS, et face à la gauche en général, la droite et l’extrême droite peuvent ne plus faire qu’un seul groupe et se superposer. Cette réalité crue, si elle se vérifiait ailleurs en France, et notamment lors des prochaines élections départementales et régionales, poserait inévitablement un problème d'identité à la droite centriste et modérée, en dépassant de loin la question du ni-ni.

Il ne s’agirait plus, pour l’UDI comme pour les modérés de l’UMP, de savoir ce qu’il faut faire en cas de second tour PS-FN. Ces mêmes modérés vont devoir choisir : continuer le chemin, ou rompre avec cette droite sarkozyste qui, de concessions en discours de Grenoble, n’hésite plus à se confondre avec sa cousine extrême.  

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