Finistère, de notre envoyée spéciale
Christian Troadec, le maire de Carhaix, capitale de 8 000 âmes du Centre-Bretagne, dérange. « On l'aime ou on le déteste », disent de lui ses détracteurs comme ses partisans. Il le sait, se moque éperdument des attaques, qu'elles viennent de là-haut, du pouvoir central qu'il critique tant, ou de ses pairs qui, de quelque bord qu'ils soient, voient en lui un dangereux et ambitieux rival. Ce qui importe à ce fils d'agriculteurs catholiques, père de trois « diwans », c'est de défendre ses racines, la Bretagne, les Bretons, vivre, étudier, travailler, décider, entreprendre, mourir au pays. Et tant pis s'il est incompris !
Régionaliste radico-écolo, ancré à gauche mais ne se reconnaissant dans aucun parti, de toutes les élections locales depuis ses premiers pas en politique au début des années 2000, Christian Troadec, 47 ans, hérisse le poil encore plus depuis qu'il a pris la tête des « bonnets rouges » aux côtés du leader paysan Thierry Merret, classé à droite. Cette fronde hétéroclite fait tomber les portiques écotaxes, trembler la République, et souffle dans le biniou « ré zo ré », « trop c'est trop » ou encore « Hollande, démission ! ».
On devait le retrouver en fin de journée dans la jolie mairie de Carhaix où un camion télé planque depuis que Jean-Luc Mélenchon lui a conféré une dimension nationale ce week-end, en le défiant sur ses terres avec une contre-manifestation de drapeaux rouges et en l'attaquant sur « le rassemblement de nigauds » des « bonnets rouges » de Quimper et « les esclaves qui défilent pour les droits de leurs maîtres ».
Mais Christian Troadec, par ailleurs conseiller général du Finistère depuis 2011, membre de la majorité PS au département et candidat malheureux aux dernières législatives (19 %), est un élu phare de la tempête bigoudène. Avec l'insurrection qui monte comme une vague sur les rives finistériennes et le déferlement médiatique autour du collectif « Vivre, décider et travailler en Bretagne » né dans sa ville, son agenda est devenu intenable. Et à notre arrivée, il était déjà reparti sans prévenir au volant de son vieil espace familial sur la route de Lorient-Roscoff soutenir sur leur piquet de grève à l'entrée de Poullaouen les salariés du producteur de saumon Marine Harvest dont l'usine (187 CDI et une centaine d'intérimaires) doit fermer en 2014.
Sous l'épaisse fumée dégagée par le feu de palettes et de pneus, on n'a pas eu de mal à retrouver celui qui a cofondé le célèbre festival des Vieilles Charrues, l'un des plus courus d'Europe, mené le combat victorieux contre la fermeture des services de maternité et de chirurgie de l'hôpital de Carhaix, ce qui lui vaudra en 2008 d'être réélu avec 68 % des voix. Il a aussi milité pour le développement des écoles Diwan où l'enseignement est dispensé en breton ou encore dirigé pendant dix ans les bières bretonnes Coreff.
Costume gris et chemise bleue bon marché, celui qui fut – son premier métier – journaliste (à Poher, journal local fondé par lui-même et revendu au Télégramme au début des années 2000), parle, volubile, avec la bonhomie, le franc-parler et l'accent du pays qui le caractérisent. Il n'a pas mis son écharpe noire et blanche flanquée d'hermines bretonnes, qu'il préfère à l'écharpe tricolore et qu'il arbore insolemment dans ses représentations officielles comme samedi dernier à Quimper, « une provocation passible de sanctions pénales », s'étrangle un élu socialiste.
Il parle de la Bretagne, de cette pointe du Finistère qui brûle, de la filière agroalimentaire qui agonise, renouant avec les modes d’action des paysans bretons des années 1960 pour faire entendre sa détresse jusqu'à Paris, du premier ministre Jean-Marc Ayrault qui a rejeté mercredi son ultimatum sur l'écotaxe, du dumping social, « le grand drame de l'Europe », du « danger Le Pen » qui tracte même dans sa ville, des Basques et des Alsaciens qui lui téléphonent et veulent des bonnets rouges car « ré zo ré, trop, c'est trop ». Il serre des mains, tutoie tout le monde, les filles de Marine Harvest « jetées comme des Kleenex » par leurs actionnaires norvégiens, les journalistes locaux, étrangers, les gendarmes qui passent désormais leur quotidien à surveiller les ouvriers bretons qui bloquent les routes comme les paysans bloquaient les trains dans les années 1970.
Féru d'histoire, il remonte le cours du temps, récite un pan de la révolte des Bonnets rouges en 1675 contre le papier timbré devant le château du Tymeur, en Poullaouen, où périt son principal chef ; ressuscite l'icône paysanne Alexis Gourvennec, l'initiateur du groupement agricole Sica à Saint-Pol-de-Léon dans les pas duquel les Bonnets rouges version 2013 veulent marcher. Puis il rit avec un jeune commerçant, venu offrir ses pizzas aux salariés, de cette image qui circule sur les réseaux sociaux montrant la Bretagne qui se sépare de la France, devient autonome et met les Parisiens à quarante minutes de l'Atlantique.
« Dans toutes les révolutions, on a été les premiers », s'enorgueillit l'élu, qui assume sans ciller de défiler par temps de crise avec les adversaires, « avec les licenciés et les licencieurs », n'en déplaise à la CGT et aux communistes : « Les Bretons sont un peuple qui sait se rassembler, oublier les étiquettes quand ça va mal. » Lui, il a toujours fonctionné ainsi, « dépasser les clivages, assembler les contraires pour le bien commun, collectif ». Quand il a lancé avec les copains les Vieilles Charrues, entremêlant rock, reggae, rap, musique bretonne, « une alliance hétéroclite de genres musicaux ». Quand il a monté sa première liste de gauche en 2001 pour contrer une municipalité UDF-RPR et une opposition PS qui ne voulaient pas « libérer les énergies » : « Il y avait des gens très différents, un syndicaliste d'une société de Carhaix et son patron. Ils s'opposaient toute l'année à la table des négociations mais là, sur la liste, pour le bien de la commune, ils avaient mis de côté leurs divergences. »
Lorsqu'il a rencontré pour la première fois « le personnage », Olivier Lebras, le « Xavier Mathieu » des Gad – ces 900 ouvriers de l'abattoir de cochons de Lampaul-Guimiliau, à une heure de là, qui ont allumé les premières brèches de la révolte aux côtés des paysans cet été –, est resté sur ses gardes en décelant « un peu de populisme dans le discours ». « Mais très vite, raconte-t-il, au fil des actions, j'ai rencontré un vrai mec de gauche. D'accord, il ne fait pas dans la moitié. On est avec lui ou contre lui, mais sa démarche est sincère. Il défend la Bretagne avec son cœur et je comprends qu'il fasse peur aux socialistes car beaucoup de déçus de la gauche peuvent se retrouver en lui, surtout en ce moment. »
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Le premier ministre Jean-Marc Ayrault a rejeté votre ultimatum prônant la suppression définitive de l'écotaxe avant ce mercredi midi et condamné la méthode des « bonnets rouges » dont vous êtes l'un des hérauts. Vous allez répliquer par de nouvelles actions ?
Alors qu'une fenêtre s'ouvrait, le gouvernement nous claque la porte au nez. La question pouvait être inscrite à l'ordre du jour du conseil des ministres, d'autant plus que se tenait ensuite la réunion autour du pacte d'avenir pour la Bretagne. Cela aurait été un signe fort d'encouragement et d'apaisement envoyé aux Bretons, la démonstration qu'il nous a entendus, qu'il est prêt à participer à un projet alternatif pour la Bretagne, sachant que 93 % des Bretons sont pour la suppression de cette écotaxe. C'était l'idée de cet ultimatum. C'est extraordinaire de nous reprocher d'avoir dicté un ultimatum et de l'accompagner d'une leçon soi-disant démocratique alors même que nous subissons les oukases et les diktats de Paris sans avoir droit au chapitre.
C'est donc un appel à continuer. Le collectif “Vivre, décider et travailler en Bretagne”, qui a initié la grande manifestation de Quimper de samedi dernier, va se réunir d'ici ce jeudi soir et décider de la suite à donner au mouvement. Nous réfléchissons à un deuxième grand rassemblement et ce ne sont pas 30 000 mais des dizaines et des dizaines de milliers de personnes qui descendront dans les rues. La manifestation aurait lieu dans une très grande ville. Cela pourrait être Rennes mais aussi Paris.
Le gouvernement doit comprendre qu'une mobilisation sans nom est en train de naître en Bretagne et au-delà. Chaque jour, nous recevons des messages de toute la Bretagne et pas seulement. De nombreuses régions françaises, dont certaines à forte identité, le Nord-Pas-de-Calais, l'Alsace, le sud de la France, le Pays basque, nous encouragent à aller plus loin dans notre bras de fer et veulent nous imiter.
Quelle sera votre réponse si le gouvernement venait à ne pas se départir de sa fermeté ? Pourriez-vous durcir le ton, renouer avec des dérives violentes contre les symboles et les biens publics de l’État, comme le fit le Front de libération de la Bretagne (FLB) et les deux ARB – armée républicaine bretonne et armée révolutionnaire bretonne – à la fin des années 1960 ?
Lorsque nous avons invité le peuple breton à manifester à Quimper, nous avons dit haut et fort que c’était d’une manière pacifique et sans violence. Cela a été le cas pour la très grande majorité des manifestants présents. La situation économique et sociale bretonne de la fin des années 1960, qui a vu la naissance du FLB et de l’ARB, ressemblait un peu à celle de la Bretagne d’aujourd’hui. Le terreau est probablement le même, avec une différence notable cependant : la Bretagne, hélas encore amputée de la Loire-Atlantique, dispose aujourd’hui d’une assemblée régionale élu démocratiquement. Cette dernière, qui compte des élus autonomistes dans sa majorité, a fait des propositions, notamment en matière de décentralisation et de droit à l’expérimentation, d’un pouvoir normatif… mais aussi sur une télévision publique bretonne.
Le pouvoir à Paris, mal conseillé, fait la sourde oreille ! Cette absence d’écoute est une faute grave qui démontre une méconnaissance totale du peuple breton. Pour que demain la tentation de la violence ne vienne pas polluer les débats et le vivre ensemble en Bretagne, il est urgent de répondre aussi – dans le même temps qu’on s’attaque aux dossiers économiques et sociaux – aux revendications bretonnes institutionnelles et culturelles. La balle est dans le camp du PS.
Pourquoi avoir choisi de porter des bonnets rouges en référence à la révolte antifiscale qui secoua la Bretagne en 1675 et se termina dans un bain de sang ? On est bien loin des enjeux de l'écotaxe issue du Grenelle de l'environnement...
On a repris le symbole de la révolte contre le papier timbré, un impôt supplémentaire mis en place par Louis XIV, parce que l'écotaxe est perçue comme une injustice. C'est l'impôt de trop au pire moment de l'économie bretonne, à l'heure où dans l'agroalimentaire, 8 000 emplois sont supprimés en 2013, 5 000 à venir en 2014. Par ailleurs, la révolte de 1675 des bonnets rouges, c'était aussi une force de proposition un siècle avant la Révolution française, l'histoire d'une pré-révolution sociale lorsque paysans, petits commerçants, artisans, manants ont produit des cahiers de doléances regroupés sous l'appellation de Code paysan, pour réclamer une représentation politique et l'abolition de certains privilèges attachés à la noblesse, dont la corvée due par les paysans aux seigneurs.
Des siècles plus tard, le bonnet rouge devient aussi le symbole de ces salariés des entreprises de l'agroalimentaire jetés comme des Kleneex, Doux, Gad, Marine Harvest. On n'exige pas seulement la suppression de l'écotaxe, mais aussi la fin du dumping social qui est en train d'écraser totalement l'industrie bretonne avec une concurrence inacceptable à travers l'Europe, tout en propageant un très vif sentiment anti-européen. Aujourd'hui, dans les abattoirs allemands, polonais, des travailleurs low cost des pays de l'Est sont payés 5 euros de l'heure, quand en Bretagne on est payé 16 euros minimum de l'heure. Comment résister ?
Les licenciements économiques, les taxes, l'État central, la technocratie, François Hollande... La manifestation de Quimper était une addition de mécontentements sans mot d'ordre clair. Quelles sont vos revendications ?
La manifestation de Quimper avait pour mot d’ordre l’emploi et la Bretagne, la suppression de l’écotaxe et une vraie décentralisation en France avec plus de pouvoirs, de compétences aux régions qui le souhaitent. Regardez l’Écosse qui, avec ses un peu plus de 6 millions d’habitants, dispose d’un budget de 40 milliards d’euros. La Bretagne historique, avec ses près de 5 millions d’habitants dispose, seulement d’un budget d’un milliard d’euros ! 95 % de nos finances proviennent des dotations de l’État ! Nous n’avons quasiment aucune autonomie financière et aucune marge de manœuvre pour répondre à l’urgence et aux préoccupations concrètes des gens.
En clair, et alors que le gouvernement entend en signer un à la fin du mois, quel pacte d'avenir pour la Bretagne voulez-vous ?
On veut un pacte novateur, expérimental. On veut avoir le droit de s'organiser, la fin du pouvoir central, plus de pouvoirs pour notre Région, que Paris nous laisse libérer nos énergies, que soit brisé le carcan administratif français. Ce qui est vrai pour la Bretagne ne l'est peut-être pas pour la Région Centre. Ici, on revendique un droit à l'expérimentation pour des raisons spécifiques d'éloignement géographique, de culture, d'identité, de solidarité, de lien social très fort. Les Bretons sont en capacité de se retrouver, se regrouper, d'être force de proposition.
On veut des outils pour que dans le domaine culturel, économique, social, nous puissions apporter une réponse plus immédiate et concrète à chacun de nos problèmes. Ce n'est pas insupportable en Europe. Beaucoup de régions fonctionnent comme cela. Je sais que l'idée est insupportable pour les hauts fonctionnaires, les technocrates qui concentrent plus que les politiques le pouvoir à Paris, mais c'est une manière obsolète de faire de la politique.
La manifestation de Quimper était aussi un assemblage hétéroclite de politiques, de responsables paysans, syndicaux, de chefs d'entreprise, d'ouvriers, de petits artisans et commerçants. Vous avez réussi à fédérer les contraires. Comment l'expliquez-vous ?
Parce qu'il y a un ras-le-bol général, une vraie solidarité et un ciment qui nous unit : le fait d'être breton. Ce n'est pas la première fois qu'on se rassemble tous ensemble malgré nos différences, nos divergences. Dans les années 1950, déjà, le Comité d’études et de liaison des intérêts bretons (CELIB) portait devant l’État un projet de développement économique pour sortir la Bretagne du sous-développement en rassemblant la société bretonne dans toute sa diversité. Cela nous a permis d'obtenir le plan routier avec les voies express gratuites, la modernisation des lignes ferroviaires, des développements en termes culturels.
Mais cela ne vous gêne pas, vous le régionaliste de gauche, de manifester au côté du Medef et de mener la fronde avec Thierry Merret, le patron du syndicalisme agricole finistérien, classé à droite ?
Non, il faut savoir s'unir. En 1950, lorsque le CELIB a été créé, une organisation a refusé de participer : le Parti communiste. En 2013, alors qu'on réunit à nouveau les acteurs pour l'emploi en Bretagne, deux organisations refusent de nous rejoindre : la CGT et le Parti communiste-Parti de gauche. On est dans le même cas de figure, avec un raisonnement qui consiste à dire que les ouvriers licenciés ne peuvent pas défiler aux côtés des patrons licencieurs. Si je peux comprendre certains arguments de ceux qui ont appelé à la contre-manifestation de Carhaix, je reste dubitatif face au double discours qui consiste à prétendre défendre l’emploi et à refuser d’être dans le même défilé que des entrepreneurs susceptibles de créer des emplois.
Nous avons besoin, en Bretagne comme ailleurs, d’un réseau dense de petites et moyennes entreprises avec leurs entrepreneurs et les emplois qui vont avec. Car nous sommes tous des entrepreneurs potentiels, que ce soit dans le domaine économique, social, associatif, culturel… Cela n’interdit pas de lutter contre les décisions scandaleuses prises par la multinationale norvégienne Marine Harvest, qui licencie 400 salariés alors même que ce groupe fait plus de 200 millions d’euros de bénéfices en 2013, distribue des excédents exceptionnels à ses actionnaires tout en investissant en Pologne grâce à du dumping social.
Qu'avez-vous pensé justement de cette contre-manifestation organisée dans la ville dont vous êtes le maire, à quelques mois des municipales, par la CGT, soutenue par plusieurs dirigeants nationaux du parti de gauche ou d'Europe Écologie-Les Verts ? Et de cette saillie de Jean-Luc Mélenchon, qui a qualifié la manifestation de Quimper de « rassemblement de nigauds, (…) esclaves manifestant pour les droits de leurs maîtres » ?
Je suis surpris de voir quelqu'un exprimer un jugement à distance depuis Paris sur une mobilisation populaire sans avoir mis les pieds sur le terrain. Mélenchon a ainsi insulté son propre électorat. Lorsqu'il évoque les nigauds, les esclaves qui défilent pour leurs maîtres, il insulte le peuple, celui qu'il prétend défendre, les ouvriers de Gad, Doux, la CGT des marins du Grand Ouest qui a réagi depuis. Ses propos ont été très mal perçus. Ils sont ceux d'un homme qui ne prend ni le temps de comprendre ce qui se passe, ni celui de se déplacer jusqu'à la Bretagne, préférant être dans l'invective immédiate. C'est une façon surprenante de faire de la politique. On commence à connaître Mélenchon. On le laisse être et montrer ce qu'il est.
Jean-Luc Mélenchon vous déçoit. François Hollande, pour qui vous avez voté aux deux tours de l'élection présidentielle en 2012, aussi... Qui trouve grâce à vos yeux aujourd'hui à gauche ? Vous y reconnaissez-vous encore ?
C'est la grande question. J'espère que la Bretagne sera capable d'innover et de bâtir un projet alternatif à gauche avec des forces de progrès pour les mois et les années à venir. Car si l'on doit se contenter du paysage actuel, c'est en train de finir en eau de boudin. Je me reconnais encore dans la gauche car j'ai espoir, mais j'attends une gauche réformatrice. Hollande est à ce titre une grande déception. Certes, il n'avait pas promis grand-chose et surfait sur un rejet de Sarkozy, ce qui a amené beaucoup d'électeurs de gauche comme moi à voter pour lui sans illusions, mais il nous conduit dans le mur. Hormis le mariage pour tous, nous sommes en train de régresser, là où nous avions misé sur des changements de société.
Que dites-vous à vos pairs qui vous accusent d'encourager le populisme territorial et réduisent les bonnets rouges à une bande hétéroclite de réactionnaires, populistes ou encore poujadistes ?
Au lieu de donner des leçons ou de mépriser ceux qui accompagnent un peuple en grande détresse, touché de plein fouet par la crise économique et sociale, qu'ils viennent sur le terrain écouter les petites gens, leur offrir une alternative plutôt que les abandonner, car on ne les voit pas. Si nous n'étions pas là, ces salariés se laisseraient tenter par un autre vote, qui n'irait pas à gauche mais sur un autre parti, un parti jouant sur la souffrance et la misère des gens : le Front national. Il se développe en Bretagne, terre qui, je l'espère, restera tempérée.
Conseiller général du Finistère depuis 2011, membre de la majorité PS au département, candidat malheureux aux dernières législatives et maire de Carhaix depuis 2001, vous êtes de toutes les élections. Vous rempilez pour un troisième mandat à la tête de la capitale du Centre-Bretagne...
Nous n'avons rien déclaré officiellement. Nous avons constitué une liste alternative qui va du centre gauche au NPA, diverse dans ses sensibilités et qui se reconnaît d'abord dans un travail pour la ville et en dehors des grands partis hexagonaux. Je crois au collectif citoyen, à une nouvelle façon de faire de la politique avec une liberté de penser, sans mots d'ordre des états-majors, mais avec des contraires qui s'assemblent pour le bien collectif.
Avec une alliance avec le PS ?
On ne peut pas insulter l'avenir. Quand on a le choix de travailler dans une majorité de gauche, il vaut mieux travailler avec le PS que d'en être exclu et de laisser la droite passer. Même si le PS n'est pas la panacée dans nombre de domaines, je travaille avec eux au conseil général du Finistère dans la majorité de gauche. Ils me supportent plus qu'ils ne m'acceptent mais bon, c'est ainsi, je garde mon franc-parler, je dis quand cela ne va pas, je suis une force de proposition pour faire avancer le territoire. On peut être dans des constructions citoyennes locales et contraint par le système électoral de scrutin majoritaire, qui oblige à faire des alliances pas forcément naturelles, à devoir s'associer.
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