Dans le dernier numéro du Journal municipal de Béziers (Hérault), publié jeudi 15 janvier, la mairie, dirigée par Robert Ménard, annonce que la rue Frederik de Klerk et l'école Nelson Mandela, inaugurée en novembre, « seront débaptisées prochainement et prendront le nom de rue Yves Rouquette et Groupe scolaire Yves Rouquette ». Contactée, la mairie invoque une « erreur ».
Dans cette page intitulée « Yves Rouquette, mort d'un occitan », la mairie rend hommage à cet écrivain, poète et militant occitan, décédé le 4 janvier, et présenté à la deuxième ligne comme un « ami de Robert Ménard ».
À Mediapart, la directrice de communication de Robert Ménard explique que « c'est une erreur ». « Cela a été décidé hier (jeudi, ndlr). Nous avons pris l'école la plus récente. Finalement, ce sera une autre école, plus ancienne, je ne peux pas encore vous dire laquelle », explique la collaboratrice du maire.
Pourquoi le maire fait-il marche arrière ? « Je ne sais pas », répond sa responsable communication.
L'annonce figure pourtant encore dans le journal municipal en ligne sur le site de la ville. Et elle suscite des remous à Béziers.
En décembre, Robert Ménard avait déjà suscité la polémique en voulant que la rue dédiée à la fin des combats en Algérie soit rebaptisée rue du « Commandant Hélie Denoix de Saint-Marc », ce militaire ayant participé au putsch des généraux en 1961.
Dans les années 1990, les maires frontistes avaient débaptisé plusieurs rues. Ils avaient mis en pratique leur triptyque « racines, tradition, identité » par un retour à l'« identité provençale ».
À Vitrolles, Bruno Mégret avait rebaptisé la commune « Vitrolles-en-Provence » ainsi que de nombreuses rues. La place Nelson-Mandela était devenue la place de Provence, l’avenue Jean-Marie-Tjibaou (leader indépendantiste kanak) se transformait en avenue Jean-Pierre-Stirbois (secrétaire général du FN décédé en 1988), l'avenue François-Mitterrand en avenue de Marseille, le square Dulcie-September (militante sud-africaine anti-apartheid assassinée) en square Marguerite-de-Provence et l'avenue Salvador-Allende devient l'avenue Mère-Térésa. L'ancien numéro deux du FN évoquait une « rupture énergique » et avait commencé son mandat en plantant un drapeau tricolore sur le rocher qui domine la ville.
À Toulon, autre ville FN en 1995, la sculpture-fontaine contemporaine de l’artiste René Guiffrey avait été rasée par le maire – sans en informer l’artiste –, pour y planter un olivier, « symbole de la civilisation provençale ». Le maire frontiste, Jean-Marie Le Chevallier, célébrait régulièrement « Raimu le Toulonnais ». De la même manière, à Orange, Jacques Bompard exaltait le poète provençal Frédéric Mistral.
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