Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, l’UMP est passée du stade des tensions, et des sifflets, à l’époque des câlins et des bisous. Embrassons-nous Folleville. Officiellement les adversaires d’hier travaillent ensemble, en parfaite affection, et pas une fois, dans cet entretien d’une trentaine de minutes, le sémillant Édouard Philippe ne s’est écarté de sa ligne de conduite : comme son mentor et maître en politique, Alain Juppé, il connaît trop les règles de la cohabitation (« Le premier qui tire est mort », disait Édouard Balladur) pour dire du mal du président de son parti. Il n’a donc, officiellement, aucun a priori sur Nicolas Sarkozy, sauf qu'il l’attend au tournant, dans une embuscade à la loyale.
« Cette loyauté n’est pas une soumission, et cette liberté on y tient », précise-t-il dès le début. Donc il n’a rien à redire sur le fait que M. Sarkozy s’entoure de ses proches dans son organigramme opérationnel, simplement il rappelle que « la primaire doit être une réussite ».
Pourquoi changer les statuts de l'UMP, adoptés l’année dernière ?
« Là je ne sais pas très bien, répond-il d’un ton aimable. Sarkozy a indiqué qu’il voulait tout changer, mais il n’a pas été d’une clarté totale sur ce qu’il voulait changer. On va voir ce que ça donne. Je ne sais pas. C’est comme le changement de nom. Là, je m’en fous un peu. Ce qui compte, c’est la ligne politique.
— C’est-à-dire ? lui demande Mediapart.
— Sur le mariage par exemple. Sur l’Europe aussi, dont il veut supprimer cinquante pour cent des compétences sans préciser lesquelles. »
Et il lâche au passage sa franche amabilité : « Ce que je remarque, c’est que sur la ligne politique, les tensions s’expriment en fait entre ceux qui ont soutenu Nicolas Sarkozy. Ça mérite d’être noté. »
Même mesure à propos de l’affaire Bygmalion. Même confiance officielle, qui ressemble à une mise au pied du mur : « Il ne s’agit pas d’accuser, il s’agit de comprendre. J’ai envie de savoir ce qui s’est passé, et c’est de l’intérêt de tout le monde de savoir. Nicolas Sarkozy a toujours dit qu’il était la première victime de cette affaire, je pense que c’est son intérêt de démontrer qu’il n’y a pas eu dérapage dans sa campagne. Il y a une procédure judiciaire qui est engagée, donc je suis assez convaincu qu’on va savoir ce qui s’est passé. »
L’intéressé appréciera.
Cette manière de faire corps avec son camp, donc avec son président, tout en maintenant ses distances, est moins simple à tenir à propos du train de vie de Nicolas Sarkozy (lire l’article d’Ellen Salvi « Pouvoir, argent et conférences, l’intenable mélange des genres de Nicolas Sarkozy »). Elle donne lieu, à la quinzième minute de l’entretien, à une confrontation serrée entre Mediapart et son invité.
« N’y a-t-il pas un problème éthique ? demande Mediapart.
— Ça ne pose pas de problème juridique, répond Édouard Philippe, qui ajoute : Moi je ne trouve pas ça choquant...
— C’est pourtant totalement choquant », insistent les journalistes.
La suite dans l’entretien, en vidéo :
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