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Valérie Rabault : «Je regrette la surenchère des patrons»

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Elle est au cœur de la machine parlementaire. Rapporteure générale du budget à l’Assemblée, Valérie Rabault travaille en liaison constante avec le gouvernement pour faire voter les lois de finances et les lois de finances rectificatives, comme celle qui est actuellement discutée au Parlement (lire le portrait que nous lui avions consacré lors de sa nomination, au printemps). Pour autant, elle n’entend pas sacrifier une certaine liberté de ton vis-à-vis de l’exécutif. Dans le discours de cette ancienne banquière, percent à la fois le souci de soutenir les entreprises dans l’espoir que la croissance redémarre, et une assez grande vigilance à ne pas laisser le patronat dicter la conduite économique de la France. Une position d’équilibriste ? Elle s’estime plutôt « au centre » du parti socialiste, à équidistance des « frondeurs » et des partisans de Manuel Valls.

Pour autant, comment interpréter les mots du ministre de l’économie Emmanuel Macron lorsqu’il qualifie « d’échec » le pacte de responsabilité, sur lequel repose pourtant toute la politique économique de François Hollande ? Comme le ministre, Valérie Rabault reconnaît que s'« il y a des choses qui fonctionnent », « d’autres ne se sont pas encore mises en place ». Elle plaide en faveur de l’action du gouvernement, qui consacre 41 milliards d’euros au soutien des entreprises. « Jamais un effort d’une telle ampleur n’a été réalisé dans notre pays. Et ce sont les Français qui le financent », rappelle-t-elle.

Elle sait de quoi elle parle, elle qui avait utilisé au printemps son pouvoir d’investigation auprès de Bercy pour établir que le plan de financement du pacte devrait détruire 250 000 emplois, c’est-à-dire plus qu’il ne devrait en créer ! Elle avertit donc les dirigeants d’entreprise : « La nation entière fait un très gros effort, et il faudrait que le monde patronal l’entende. Il faut que les entreprises jouent le jeu. »

La députée occupe un poste très envié, mais elle ne se fait pas d’illusion par rapport à sa latitude d’action vis-à-vis du gouvernement. Son prédécesseur, Christian Eckert, qui entretenait lui aussi une parole libre, notamment dans Objections, n’est-il pas rentré dans le rang lorsqu’il est devenu secrétaire d’État au budget ? « Si vous me demandez si j’ai une grande marge de manœuvre, la réponse est non », reconnaît-elle.

C’est la raison pour laquelle elle « milite » pour que le congrès du PS en 2015 soit l’occasion d’un vote, pour trancher une fois pour toutes quant aux positions du parti « sur ces questions fondamentales mais qui n’étaient pas dans le programme en 2012 ». Elle refuse le « chèque en blanc » accordé aux entreprises.

Reste la question européenne… L’ancien ministre de l’économie Pierre Moscovici est désormais commissaire européen en charge de l’application des règles d’orthodoxie budgétaire… qu’il a lui-même contournées en France ! « C’est vrai, le grand public peut avoir l’impression qu’on s’y perd un peu », admet-elle. Quant au rôle ambigu de Jean-Claude Juncker, patron de la commission européenne censée régler la question de l’évasion fiscale des entreprises alors qu’il a dirigé pendant 18 ans le Luxembourg, leur principal allié européen, Valérie Rabault concède un regard un brin « utopiste » : « Il connaît bien le système, donc il peut nous dire comment on dévisse les boulons. » Il ne reste qu’à espérer.

BOITE NOIRECette émission a été enregistrée le mercredi 3 décembre dans la matinée. L'article de loi concernant l'exonération fiscale de l'UEFA et des autres organisateurs d'événements sportifs internationaux a été voté quelques heures plus tard, dans la nuit du 3 au 4 décembre.

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