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La Parisienne Libérée: «L'Etat, mais de quel droit ?»

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L'ÉTAT, MAIS DE QUEL DROIT ?


paroles et musique : la Parisienne Libérée

Cette nuit je ne dors pas
J'entends des troncs qui craquent,
Des grenades, du fracas
Et des coups de matraque

Cette nuit je suis fiévreuse
J'entends les arbres tomber
Au son des tronçonneuses
Lourdement escortées

Une grande abatteuse
Avance lentement son bras
C'est une tombe qu'elle creuse
Au beau milieu d'un bois
L'État, mais de quel droit ?

Le droit des bétonneurs
Et des élus repus ?
Le droit des assoiffeurs
Quand le maïs a bu ?

D'une préfecture pressée
De lancer des travaux ?
Du conflit d'intérêt
D'un maître d’œuvre en eau ?

Une grande abatteuse
Avance lentement son bras
C'est une tombe qu'elle creuse
Au beau milieu d'un bois
L'État, mais de quel droit ?

Dans mon rêve, au début
Il y avait une forêt
Maintenant je ne vois plus
Qu'un terrain désolé

Les engins mécaniques
Viennent retourner la terre
Leur cliquetis cynique
Laboure un cimetière

Une grande abatteuse
Avance lentement son bras
C'est une tombe qu'elle creuse
Au beau milieu d'un bois
L'État, mais de quel droit ?

Une grenade explose
La Gascogne, les coteaux
Tout se métamorphose
Il pleut des lacrymos

Cette nuit je suis en rage
La lune reste cachée
Quand les gendarmes chargent
Que s'est-il donc passé

Une grande abatteuse
Avance lentement son bras
C'est une tombe qu'elle creuse
Au beau milieu d'un bois
L'État, mais de quel droit ?

Une nuit de vertige
Perchée sur une cime
Au milieu des vestiges
D'une futaie en ruines

Le vent pousse un nuage
J'aperçois la vallée
À Sivens, le barrage
Ne se fera jamais.

CONTEXTE

Dimanche soir, en essayant de m'endormir, je repensais à ces images aperçues sur le site Tant qu'il y aura des bouilles : « la petite abatteuse » et « la grosse abatteuse ». Au fond, avec ses flashballs et ses grenades, l'État peut rapidement devenir une espèce dangereuse de grande abatteuse.

Le rapport d'expertise sur le projet de barrage à Sivens, rendu public ce matin, pointe une conception surdimensionnée, au financement fragile, n'ayant pas réellement pris en considération les alternatives possibles en termes d'irrigation, ni réalisé sérieusement l'étude d'impact. Et pendant ce temps-là, un opposant est mort dans la nuit de samedi à dimanche lors d'affrontements avec les gardes mobiles. Le procureur d'Albi s'est empressé de dénoncer la violence des manifestants sans questionner celle des gendarmes, pendant que Bernard Cazeneuve concluait son communiqué par la formule très vallsienne : « Aucune cause, dans un État de droit, ne peut justifier ce déchaînement de violences répétées.>»

On a donc envie de lui retourner la question : est-ce que d'après lui, dans un État de droit, un projet de barrage financé par de l'argent public et contesté par de nombreux habitants justifie la mort de Rémi Fraisse, 21 ans?

DOCUMENTATION

Ce film collectif, intitulé Le conseiller général, l'arbre et le débat démocratique, donne une idée assez détaillée de la situation lorsque les déboisements ont commencé début septembre 2014 :



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Les précédentes chroniques de la Parisienne Libérée sont rassemblées ici.
Elles sont placées sous licence creative commons pour les usages non commerciaux.

A lire aussi sur le blog de Tuxicoman : Corée du Sud : la surveillance provoque un exode de Kakao vers Telegram


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