À la suite des propos tenus par le directeur de cabinet du préfet de police de Marseille à l'encontre d'une délégation de Kurdes reçue le 3 octobre 2014, le ministère de l'intérieur avait demandé des « éclaircissements » à la préfecture de police. Contactée, la préfecture de police de Marseille préfère rester prudente. « Une procédure respectant le contradictoire est en cours, nous indique-t-on. Sans préjuger de la décision finale, elle permet un large éventail de décisions. » Mais selon nos informations, le sous-préfet Gilles Gray devrait quitter son poste de directeur de cabinet à la préfecture de police dans les prochains jours.
Le 3 octobre, lors d'une réunion avec une délégation de trois représentants kurdes à l'occasion de l'organisation d'une manifestation, le directeur de cabinet du préfet de police les a accusés « de mettre la merde à Marseille » et leur a conseillé d'aller combattre les djihadistes de l'État islamique. Le quotidien La Marseillaise a diffusé dès le lendemain de longs extraits d'un enregistrement de cette conversation.
Au cours de la discussion, Gilles Gray interpelle violemment la délégation à qui il reproche l’organisation de ces rassemblements et « de mettre la merde à Marseille ». « Faites gaffe tous les trois parce que moi je commence à en avoir marre », lance-t-il. « Ne nous prenez pas pour des cons, vous parlez au préfet de police, monsieur qui n’êtes-pas-français. » « Vous ferez ce qu’on acceptera, vous avez compris ça ? Ce n’est pas le club clodo ici, ce n’est pas le bordel. »
À plusieurs moments de la discussion, enregistrée par un des participants, Gilles Gray exhorte les Kurdes à quitter la France et à aller se battre contre les djihadistes de l’État islamique. « Vos sœurs et vos frères qui sont là-bas, il faut les aider, d’une manière ou d’une autre. (…) Ils ont besoin de kalash, d’hommes… » « C’est comme la communauté juive », affirme-t-il un peu plus tard. « Moi, si j’étais juif à Marseille, pensant à mon peuple et à mon pays, ben je serais dans l’armée israélienne, pas à Marseille. »
La préfecture de police de Marseille répondait lundi 7 octobre qu'il s'agit de « propos personnels qui ne sauraient engager l'État ». « C'était un rassemblement de plus de 1 000 personnes avec une demande de modification de parcours, donc le directeur de cabinet a reçu les organisateurs, précise-t-on. Il y a eu une réunion de plus d'une heure pour caler tous les aspects administratifs, puis un échange de propos personnels, qui ne sont pas anodins mais n'engagent pas l'État. Il y aura forcément des suites qui relèvent du ministère de l'intérieur. »
Mobilisée pour attirer l'attention sur le sort de la ville kurde de Kobané en Syrie, assaillie par le groupe État islamique (EI), la communauté kurde de Marseille a manifesté à plusieurs reprises ces derniers jours. Une tente avait été plantée sur le Vieux-Port.
Nommé sous-préfet en 1996, Gilles Gray a longtemps travaillé au sein des services de renseignement. Il fut notamment chef du cabinet du directeur de la surveillance du territoire (ex-DST) entre 1994 et 1996, puis sous-directeur de la protection économique à la Direction centrale du renseignement intérieur (ex-DCRI) de 2005 à 2009.
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