Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Bordeaux après le dépôt d'une plainte contre la municipalité d'Arcachon (Gironde) s'agissant du meeting de l'association des « Amis de Nicolas Sarkozy », organisée en septembre 2013 dans cette ville UMP. « J'ai saisi la DIPJ (direction interrégionale de la police judiciaire) de Bordeaux pour cette enquête », confirme à Mediapart la procureure de Bordeaux, Marie-Madeleine Alliot.
Fin août, une opposante municipale, ex-UMP, avait déposé plainte contre la municipalité. L'élue estime que ce rassemblement des « Amis de Nicolas Sarkozy » « soulève de nombreuses questions pointées par Mediapart ». En janvier, nous avions révélé que cet événement avait été en partie pris en charge par la collectivité (lire notre enquête).
Les 1er et 2 septembre 2013, le président de l'association, Brice Hortefeux, avait choisi la ville de son ami Yves Foulon, député et maire UMP proche de Nicolas Sarkozy, pour organiser un rassemblement de quelque 2 000 personnes. Comme Mediapart l'avait raconté, cet événement avait été en partie pris en charge par la collectivité. La ville avait mis à disposition gratuitement un espace municipal avec vue sur le bassin d'Arcachon ; des employés municipaux avaient été mis à contribution pour la logistique du rassemblement.
Anny Bey, exclue de l'UMP en 2013 et candidate divers droite à la mairie d'Arcachon en mars, avait alors expliqué à Mediapart qu'elle « (se) réserv(ait) le droit, après les élections municipales, d'agir, en tant que citoyenne ». Le 26 août, elle a écrit au procureur de la République de Bordeaux pour déposer plainte contre la ville. Dans ce courrier, elle explique qu'« en pleine campagne électorale pour les municipales, la venue de cette association a mobilisé les services municipaux du vendredi au dimanche ». « Des questions se posent également sur les frais d’hôtels et de bouche des membres de l’association, de la prise en charge par les taxis de ces mêmes personnes », ajoute-t-elle.
Elle souligne également que, « contrairement aux propos tenus par le maire d’Arcachon, les tentes ne sont jamais mises à disposition gratuitement pour les mariages de même qu’aucun employé municipal. La gratuité de la salle du Tir au Vol est assurée uniquement deux fois par an pour les associations arcachonnaises ».
Par ailleurs, l'association des « Amis de Nicolas Sarkozy » n'avait pas respecté toutes les clauses de la convention. « De nombreuses infractions comme le manquement de souscription d’assurance obligatoire, la signature de la convention dont on ne sait qui l’a signée au nom de Brice Hortefeux sont autant de points obscurs. Une vente d’objets à l’effigie de Nicolas Sarkozy a été réalisée à l’encontre du règlement régissant l’utilisation du Tir au Vol », écrit l'élue dans son courrier au procureur, en lui demandant de « donner à cette affaire une suite légale ».
Ce n'est pas la première fois qu'un meeting des « Amis de Nicolas Sarkozy » suscite des interrogations sur son financement. En août 2012, pour le premier grand rassemblement de l’association, organisé à Nice, la ville de Christian Estrosi avait mis à disposition, pendant deux jours, le jardin public des Arènes de Cimiez et déployé la police municipale pour sécuriser la manifestation. Une élue socialiste et le responsable d'Anticor 06 avaient saisi le procureur de Nice pour des « faits susceptibles d’être qualifiés de prise illégale d’intérêts et de concussion ».
Un mois plus tôt, Christian Estrosi, le secrétaire général de l’association, avait promu l’organisation aux frais de l’Assemblée nationale. Comme l’avait révélé Mediapart, le député et maire de Nice avait profité du bureau de poste de l'Assemblée nationale pour adresser un courrier aux milliers d'électeurs de sa 5e circonscription des Alpes-Maritimes, en glissant, au passage, un bulletin de l’Association des amis de Nicolas Sarkozy. Une initiative que proscrit le règlement du Palais-Bourbon. Une plainte avait été déposée pour « détournement de biens publics » par un militant d'Europe Écologie-Les Verts (EELV) et membre de l'association anti-corruption Anticor. Le parquet de Nice avait ouvert une enquête préliminaire, mais classé l’affaire.
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