L’Igas se réveille. Il y a quelques jours, comme Mediapart s’en était fait l’écho, deux syndicats de l’Inspection générale des affaires sociales s’étaient émus que, trois semaines après la parution de notre article sur les manquements d’Aquilino Morelle vis-à-vis de son corps, et sa démission de son poste de conseiller politique du président à l’Élysée, aucune enquête administrative n’ait été enclenchée.
Ce 15 mai, le Smigas (syndicat des membres de l’Igas) a fait savoir que le chef de service de l’Igas, Pierre Boissier, les avait informés mercredi qu’il avait commencé à interroger Aquilino Morelle, expliquant : « Sans attendre [le résultat des deux autres enquêtes en cours] et afin de préparer l’action de l’administration, j’ai demandé à monsieur Aquilino Morelle de bien vouloir m’apporter des explications et justificatifs nécessaires à propos des faits rapportés dans les médias et qui sont susceptibles de constituer des manquements au regard des obligations de fonctionnaires. »
Interrogé ce même 14 mai par Mediapart, l’Igas s’était refusé à toute explication : « Il ne nous est pas possible de donner d’informations sur les diligences de l’administration en la matière s’agissant de questions portant sur le traitement en cours du dossier individuel d’un agent, a fortiori lorsque les questions pendantes font par ailleurs l’objet d’une enquête judiciaire. »
Mediapart avait également interrogé le ministère des affaires sociales et de la santé, cherchant à savoir pourquoi Marisol Touraine, ministre de tutelle, n’exigeait pas une telle enquête. Il nous avait été répondu : « Marisol Touraine n'a pour sa part aucune réserve de principe sur le lancement d'investigations administratives qui pourraient être utiles au chef de l'Igas. »
Pour le Smigas, cette démarche de Pierre Boissier « est un début : une enquête en bonne et due forme confiée à un tiers non Igas nous paraîtrait une meilleure solution, mais ceci est une avancée dans la bonne direction. Le Smigas prend acte que le chef de service a pris sous sa responsabilité directe, l’établissement des faits que nous appelons de nos vœux. »
Au Smigas, on ne cachait pas mardi que « ne rien faire serait intenable : aucun autre fonctionnaire ne pourrait revenir comme s’il ne s’était rien passé. Il faut une enquête administrative sur les faits. On doit s’appliquer les règles que l’on applique pour les autres lors de nos contrôles. »
En tant que membre de l’Igas, Aquilino Morelle a rédigé plusieurs rapports entre 2007 et 2011 évaluant les politiques du médicament sous divers aspects, alors même qu’il avait travaillé pour un laboratoire américain en 2006 puis qu’en 2007, alors qu’il était revenu à l’Igas, il avait réalisé une mission pour le laboratoire danois Lundbeck sans en informer l’Igas.
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