« Pour l’école, on remet tout sur la table », voilà ce que nous déclarait Vincent Peillon, il y a un peu plus d’un an, en pleine campagne présidentielle, alors que François Hollande avait décidé de faire de l’école sa « priorité des priorités ». Depuis, installé rue de Grenelle, Vincent Peillon est passé de la théorie à la pratique dans ce qui a souvent ressemblé à une violente épreuve du feu. Les blocages et les crises n’ont pas manqué, comme sur la question des rythmes scolaires où les tensions ont été si vives que le président de la République a contraint le ministre, devant la fronde des maires comme des enseignants, à revenir à un calendrier plus souple. On l'a senti parfois douter et cru définitivement enlisé.
Le ministre revient pour Mediapart sur son premier bilan : la loi d'orientation et de programmation, la priorité au primaire, les postes, la création d’écoles du professorat... Pour Vincent Peillon, la « refondation de l'école » ne fait en réalité que commencer. Il annonce donc aujourd’hui les prochaines étapes, convaincu qu'il est toujours soutenu au sommet de l'État. Les missions des enseignants seront discutées dès l’automne. Leur temps de service, à moyens constants, pourrait être revu. Après le primaire, le collège doit être également réformé, estime le ministre. Tout comme l’éducation prioritaire, aujourd’hui à bout de souffle. Mais l'école est-elle encore la priorité du président de la République, qui ne parle plus guère ces temps-ci que du chômage et de l'économie ?
Les résultats du bac ont cette année été exceptionnellement bons. Vous vous en réjouissez ou vous vous dites que cela ne rime plus à grand-chose un bac général, par exemple, obtenu par 92 % des élèves ?
Bien sûr que je m’en réjouis ! Et je tiens à féliciter les élèves pour leurs efforts et leur travail, ainsi que tous les professeurs qui les ont conduits jusque-là. J’ai été étonné de voir émerger des polémiques sur le niveau qui serait forcement en baisse. Je ne peux pas laisser dire que des consignes d’indulgence auraient été données : quel jury accepterait des instructions de cette nature ?
Nous ne pouvons au contraire qu’être satisfaits lorsque le niveau général de culture et de qualification s’élève. Mais je n’oublie pas non plus que ces bons résultats doivent être lus à l’aune d’un autre chiffre. Plus d’un quart des jeunes de cette génération n’ont pas leur bac tout simplement parce qu’ils ne l’ont pas passé : la sélection s’est en effet opérée avant, trop souvent par l’échec et le décrochage. Ces jeunes, pour la plupart issus de familles modestes, auront, on le sait, beaucoup plus de mal sur le marché de l’emploi. Le poids de l’origine sociale reste bien trop déterminant dans la réussite des examens. C’est notamment pour eux qu’il faut refonder l’école, pour permettre encore davantage de succès.
Les chiffres des recrutements viennent d’être publiés. On constate que plus de 1 500 postes dans le secondaire et près de 300 dans le primaire, ce qui est une première, n’ont pas été pourvus. Vous espérez que c’est la dernière année difficile ?
Nous avons recruté 5 000 enseignants supplémentaires cette année (au premier concours, ndlr), et nous l’avons fait sans renoncer à nos exigences de sélectivité. Globalement, le nombre de candidats par poste offert est en effet supérieur aux années précédentes, ce qui va au-delà même de nos espérances. Mais il y a, c’est vrai, des disciplines – les mathématiques par exemple – et des académies – comme Créteil – pour lesquelles la situation demeure difficile.
Reste que si nous voulons réamorcer la pompe des recrutements dans la durée, nous ne pouvons nous contenter du prisme des concours. Il faut donner envie de faire ce métier, en formant les nouveaux professeurs et en étant très attentif à leur accueil. Nous avons ainsi remis en place une formation initiale des enseignants et nous avons rétabli l’année de stage. J’ai aussi donné des consignes pour que leur année de stage se déroule dans les meilleures conditions. Il faut aussi accompagner les jeunes qui veulent s’engager dans cette carrière : c’est le dispositif des EAP qui permet à des étudiants et des étudiantes boursiers, dès leur 2e année de licence, de poursuivre leurs études et de se préparer à être professeurs. 10 000 de ces « prérecrutements » sont prévus l’année prochaine et permettront de cibler les disciplines et les académies en difficulté.
Quel regard portez-vous sur l’année qui vient de s’écouler où vous êtes passé, après la théorie, aux travaux pratiques ? Les crises, par exemple sur les rythmes scolaires, ont parfois été très dures. Quel bilan faites-vous de cette épreuve du feu ?
Nous sommes arrivés au ministère avec les idées claires sur ce que nous voulions faire. Le projet de refondation a une cohérence forte parce qu’il a été préparé de longue date et nous avions défini nos priorités et un calendrier pour les mettre en œuvre.
Nous avons déjà fait beaucoup : la priorité au primaire est bien là avec évidemment les postes créés pour le 1er degré, la mise en œuvre des dispositifs pédagogiques comme l’accueil des moins de trois ans ou le « plus de maître que de classe », ou la redéfinition d’un cycle dédié à la maternelle afin qu’elle retrouve son autonomie, et donc son rôle, par rapport au CP.
Nous avons également créé une formation pour les enseignants avec l'instauration des écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE) – formation à la fois progressive et professionnalisante qui est une nouveauté absolue et doit être un des leviers les plus importants de la refondation de l’école – qui ouvriront à la rentrée prochaine. Parce que nous avons un besoin criant de professeurs, deux concours de recrutement ont été organisés la même année, c’est une première ! Là encore, c’est un pari très largement tenu, même si, comme cela a été dit, toutes les difficultés ne sont pas encore levées. Et nous ne sommes, évidemment, qu’au début de la réforme des rythmes scolaires.
Bien sûr, cela a parfois été une course de vitesse. Bien sûr, les choses n’ont pas toujours été faciles. Mais je ne suis pas venu ici pour avoir des états d’âme mais parce que je suis animé d’une passion, l’école, et que je veux mener les réformes que notre pays n’a pas su faire ces dernières années et dont les élèves, pour réussir, ont besoin. La rentrée prochaine sera la première rentrée préparée par la gauche et chacun pourra mesurer les progrès que nous avons accomplis dans de très nombreux domaines, au-delà des chantiers déjà cités : lutte contre le décrochage, création du service public du numérique éducatif, accompagnement des élèves en situation de handicap, mise en place des « réseaux climat scolaire » pour lutter contre la violence à l’école, élaboration d'une charte de la laïcité qui trouvera sa place à la rentrée dans tous les établissements, effort sans précédent (1 000 postes) en faveur du remplacement... Notre ministère est un ministère de mission.
Cette réforme des rythmes scolaires a justement focalisé toute l’attention, attisé les tensions dans les municipalités, chez les enseignants. Pour un résultat finalement plutôt modeste puisque moins d’un quart des communes passent aux quatre jours et demi l’an prochain. Regrettez-vous la manière dont vous avez géré ce dossier ? Avez-vous manqué de soutien ?
J’ai toujours dit que nous allions faire cette réforme et je rappelle qu’il y avait, et qu’il y a toujours, un consensus sur sa nécessité. Nous sommes le seul pays à n’avoir que 144 jours de classe dans l’année, avec des journées trop longues qui nuisent aux apprentissages. Cela ne pouvait continuer. Je comprends très bien que des résistances soient apparues lors de la mise en œuvre. Elles sont parfois légitimes. Notamment celles des enseignants à qui nous avons demandé de réorganiser leur temps de travail pour revenir à une demi-journée. Nous avons besoin d’eux pour réussir cette réforme dans l’intérêt des élèves.
Il est clair que nous faisons là une très grande réforme de structure qui touche à des habitudes françaises très anciennes. Les journées de six heures existent depuis que l’école existe. Ce que nous allons faire ne consiste pas uniquement à remettre une demi-journée de plus dans la semaine, mais à diminuer la journée de classe et cela, sans retirer une seule heure d’enseignement aux élèves. En même temps, nous forçons toute la société à se poser la question de ce que nous proposons aux enfants dans ce temps dégagé qui n’appartient plus à l’éducation nationale. C’est difficile parce que des gens qui n’avaient pas forcément l’habitude de travailler ensemble se sont retrouvés contraints de construire un projet commun. Là où les projets sont les plus intéressants, les plus aboutis, c’est lorsque ce dialogue s’est établi très en amont entre les enseignants, les collectivités, les parents et les associations.
Enfin on ne peut pas dire que j’ai manqué de soutien ! Le président de la République et le premier ministre ont décidé d’un fonds d'amorçage de 250 millions d’euros pour faciliter la mise en œuvre de la réforme et favoriser les projets éducatifs locaux, en particulier dans les communes les plus modestes qui toucheront davantage pour lutter contre les disparités territoriales. Je voudrais dire mon admiration pour celles et ceux qui ont su construire des projets pour la rentrée prochaine. Je pense à Paris, mais aussi à toutes les communes sur le territoire national.
Êtes-vous certain que là où la réforme va s’appliquer les enfants vont y gagner ? Certains problèmes très concrets de locaux, de personnels, de moyens laissent craindre une possible dégradation de leurs conditions d’accueil.
Oui ! Il faut bien avoir en tête que la réforme des rythmes, c’est avant tout la réforme du temps scolaire. Il est absolument certain qu’en diminuant la longueur des journées de classe et en retrouvant du temps de qualité le mercredi matin consacré aux apprentissages fondamentaux – lire, écrire, compter –, il y aura un gain pour les enfants. Ensuite, il y a les activités périscolaires. C’est un tout autre sujet car c’est, pour beaucoup de communes dont c’est la responsabilité, quelque chose d’assez nouveau. Les collectivités ne voulaient pas d’un schéma uniforme. Nous avons entendu leur demande pour que chacune puisse construire son projet en fonction de ce qu’elle avait d’ores et déjà mis en place, de ses ressources en personnels, du choix des parents, des habitudes locales…
Lorsque vous donnez cette liberté à des milliers de communes, les résultats sont nécessairement dissemblables : certains ont mis en place de très bons projets, d’autres ont plus de mal parce qu’ils partaient de plus loin ou parce que leur situation est plus complexe. C’est bien pour cela que nous avons laissé une année de plus aux communes qui le souhaitaient pour appliquer la réforme. Un comité de suivi dans lequel tous les acteurs sont représentés, a d’ailleurs été mis en place pour suivre ce qui se passe localement, nous alerter sur les difficultés qui pourraient survenir, proposer des solutions. Il dressera, de façon indépendante, un premier bilan à l’automne. C’est une très grande réforme, qui bouscule bien des habitudes, et il faut la conduire avec sérénité et détermination. Notre seule boussole doit être l’intérêt des enfants.
N’est-il pas paradoxal, pour le républicain que vous êtes, de voir que deux des plus importantes réformes de votre refondation : les rythmes scolaires et les écoles du professorat et de l’éducation (ESPE), vous échappent en partie puisque leur mise en œuvre dépend, dans le premier cas des communes, et dans le second cas des universités autonomes qui créent chacune de leur côté leur maquette de formation ?
Je crois que c’est une fausse idée de penser que la République se confond avec l’État centralisateur. L’État ne peut pas organiser les temps périscolaires dans toutes les communes de France, et c’est tant mieux. Ce n’est pas toujours évident car l’autonomie est toujours un équilibre, un dialogue à construire. Il y a une liberté dans la mise en œuvre, mais ce qui est proposé doit correspondre aux demandes de l’État, et l’État doit veiller à ce que cette liberté s’exerce toujours dans l’intérêt des élèves. Ainsi la signature du Dasen, qui représente le ministère de l’Éducation nationale, est nécessaire pour les projets éducatifs de territoire. De même, pour mettre en place les ESPE les universités doivent obtenir une double accréditation de l’Éducation nationale et du ministère de l’enseignement supérieur.
Tout cela demande une maturité nouvelle et je mesure les difficultés. Mais il faut faire le pari de l’intelligence, en accompagnant et en mobilisant les acteurs locaux.
Qu’avez-vous découvert du fonctionnement de ce ministère qu’on dit piégé, difficile à manœuvrer ? Du dialogue avec les organisations syndicales ?
N’en déplaise aux esprits chagrins, j’ai découvert une administration incroyablement engagée – et plutôt sous-dotée – qui travaille d’arrache-pied pour mettre en œuvre la refondation parce qu’elle correspond à ses valeurs. Quant au dialogue avec les organisations syndicales, il est serein, constant, approfondi, respectueux. Je ne cherche pas, contrairement à ce qui a pu être fait par de précédents gouvernements, à jouer les uns contre les autres, à passer des accords avec les uns plutôt qu’avec les autres. Ce serait confondre les rôles et passer à côté de l’essentiel.
Dans le fond, ce qui compte, et qui n’est pas toujours facile à obtenir, c’est d’impliquer tout le monde dans notre projet de refondation. Il faut montrer aux uns et aux autres que ce que nous faisons, nous ne le faisons pas pour nous faire plaisir, ou laisser une trace, mais bien pour faire progresser les élèves et à terme faire progresser le pays, afin d'inverser la tendance à la dégradation de notre système scolaire engagée depuis des années. Et pour cela, nous avons besoin de tous : les parents, les collectivités locales et bien entendu les enseignants et les personnels sans lesquels rien ne se fera. Il faut associer, expliquer une refondation qui mérite d’être vue dans son ensemble. Comment convaincre par exemple les enseignants d’appliquer de nouveaux programmes s’ils ne sont pas associés à leur refonte ?
Or, je le constate, ce message a parfois du mal à passer, dans un monde où le sensationnel, l’émotion, le court terme comptent tellement. Pour les observateurs, il est sans doute plus facile de s’emparer de tel ou tel incident dans un collège que d’éclairer ou de chercher à comprendre les ressorts d’une action publique complexe de long terme. Je ne peux pas ne pas penser qu’il y a là une forme de bataille idéologique. Nous la menons.
Vous avez souvent dit que vous espériez sur l’école un consensus national. Vous le croyez toujours possible ?
J’ai été très déçu par l’attitude purement négative de l’opposition lors du vote de la loi au parlement. J’ai souhaité le rassemblement. Les grandes réformes que j’ai proposées sont en réalité consensuelles. Qui est contre la priorité au primaire ? Qui est contre la formation des enseignants ? Contre le numérique à l’école ? Contre un meilleur accompagnement des élèves en situation de handicap ? Qui s’oppose à la mise en place d’un parcours d’orientation et d’information dès la 6e ? Et je suis toujours un peu surpris lorsque les mêmes qui, en séance, s’emportent contre les créations de postes et les jugent irresponsables, m’écrivent pour me demander quelques enseignants supplémentaires pour leur circonscription. L’attitude de la gauche a en revanche été bien plus constructive. Le parti communiste a fait entendre ses propositions lors de ce débat parlementaire. Lorsque nous avons considéré qu’elles étaient justes et opportunes, nous avons fait évoluer le texte. Cela a par exemple été le cas sur la question du socle commun ou sur les cartes de formations professionnelles. Il en a été de même des Verts, qui ont porté des thèmes pédagogiques essentiels, et des radicaux, vigilants sur les principes et la laïcité. En définitive, j’ai été très heureux que la Refondation soit adoptée par l’ensemble de la gauche parlementaire, à l’Assemblée comme au Sénat – ce qui a été le cas de peu de projets de loi.
La droite, elle, a décrété que ce texte était idéologique et a refusé d’entrer sérieusement dans la discussion. Elle a montré une nouvelle fois son mépris de l’école en tentant un petit jeu très politicien sur les rythmes scolaires et en se focalisant sur la question des postes. Elle n’a pas été à la hauteur. Cela contraste avec les maires de droite qui ont eu le courage de passer la réforme des rythmes scolaires dès 2013 dans l’intérêt des élèves. Maintenant, je continuerai à rechercher le plus large rassemblement, car il est dans l’intérêt de l’école et des enfants.
Quels sont les prochains chantiers de la refondation ? La question des missions des enseignants n’a pas été abordée dans la loi alors que vous l’avez souvent évoquée pendant la campagne ? Allez-vous revenir sur les obligations de service des enseignants ?
Nous allons ouvrir des discussions à la rentrée sur le métier des personnels, enseignants, personnels administratifs, etc. C’est une question beaucoup plus large, que la seule question des obligations de service. Pas moins de treize groupes de travail vont être mis en place pour parler de leurs conditions de travail, du déroulement de leur carrière, des mutations, des affectations, des cadres d’emplois ainsi, en effet, que du temps de service. Tous les sujets sont sur la table de l’agenda social.
La question des salaires aussi ?
Nous avons déjà fait beaucoup d’efforts sur les débuts de carrière en remettant en place une formation en alternance qui coûte tout de même 800 millions d’euros, quatre fois plus que ce que la droite avait fait pour les débuts de carrière. Pendant leur deuxième année de formation, les enseignants seront en effet payés à plein temps pour exercer à mi-temps. Pour les professeurs du primaire qui sont proportionnellement moins bien payés que les enseignants du secondaire, nous avons mis en place une indemnité et modifié les règles d’accès à la hors classe. C’était une revendication très ancienne de la profession. La question des traitements dépend des ressources de l’État et tant que nous sommes dans la crise où nous sommes, nous ne pouvons pas faire davantage. Nous faisons le maximum, avec des priorités claires et assumées.
Vous envisagez de revoir les temps de service des enseignants à moyen constant ? Qu’y gagneront-ils ?
Revoir le temps de service, cela ne veut pas dire augmenter le temps de travail. Aujourd’hui on entend souvent qu’un professeur certifié, par exemple, travaille 18 heures par semaine. C’est faux et c’est injuste. Leur travail ne se réduit pas aux heures de cours. Il faut le dire et redonner de la considération à tout ce qui fait la complexité et la richesse de leur métier : le travail en équipe, les relations avec les parents, le suivi des élèves, les différents conseils, la préparation des cours, les corrections et tant d’autres choses. Il faut aussi prendre en compte les conditions d’exercice et nous pouvons, par exemple, imaginer des heures de décharge pour les professeurs qui travaillent dans des collèges très difficiles et qui ont besoin de davantage de temps de concertation pour mener des projets.
Sur le collège, justement, quels sont vos projets ?
Le collège est aujourd’hui sans doute le niveau, pour les professeurs, pour les élèves, qui souffre le plus. Je suis très attaché au principe du collège unique car l’objectif est que tous les élèves accèdent au socle commun. Il faut impérativement arrêter la machine à trier précocement, sortir de cette logique qui conduit, dès lors qu’un élève rencontre des difficultés, à l’orienter par l’échec vers des filières qu’il n’a pas choisies. Mais il faut aussi prendre acte que dans le collège tel qu’il existe, beaucoup d’élèves se sentent mal. Le collège unique ne doit pas vouloir dire le collège uniforme. Il faut envisager une diversité de parcours, d’excellences, de moyens.
Si l’on veut que tous les enfants réussissent, nous devons être capables de moduler les pédagogies et les moyens. Il faut garder cette idée noble du savoir commun, de l’élévation pour tous les enfants et être capable de s’adapter aux différentes situations justement pour y parvenir. C’est l’horizon de la réforme. J’ai une grande confiance dans les équipes pédagogiques et je veux le leur montrer.
Concernant l’éducation prioritaire, là encore, la loi n’était pas très diserte. Or on entend beaucoup d’impatience sur le terrain. Une refonte de l’éducation prioritaire est-elle toujours au programme ?
C’est aussi un chantier qui va s’ouvrir à la rentrée. 20 % des élèves sont scolarisés dans des établissements de l’éducation prioritaire. Cela ne fonctionne pas bien : le modèle qui a été inventé il y a trente ans est à bout de souffle. Nous devons mener une grande réforme, en lien étroit avec le ministère de la ville.
J’entends les impatiences mais il s’agit d’un sujet complexe où il faut prendre le temps de la réflexion. Tous les élèves méritent d’être accompagnés vers la réussite et on ne peut se contenter, comme l’a fait le précédent gouvernement, de « sortir » quelques élèves de leur quartier en abandonnant tous les autres à leur sort. Ainsi, les internats d’excellence qui étaient très coûteux pour très peu d’élèves vont disparaître progressivement au profit d’un internat de la réussite ouvert à tous auquel je crois beaucoup. Notre système scolaire doit réussir à être plus juste. Ce sera la clé majeure de son efficacité.
François Hollande ne parle plus beaucoup d’éducation. Est-ce toujours sa priorité ? Ou est-ce définitivement le chômage ?
Oui, la preuve en est qu’elle reste la priorité budgétaire de 2014. Mais il y a cette urgence de la crise économique et sociale qui dévore l’actualité et la vie des Français. Donc il est tout à fait légitime que le président de la République soit mobilisé par la question de l’emploi. Il n’y a pas de contradiction. Ce sont deux temps différents, et l’école a par ailleurs un rôle essentiel à jouer sur la question du chômage.
Soyez certains que le jour où je sentirai que l’école peut être sacrifiée, je le dirai très clairement. Personne d’ailleurs n’en doute. Mais pour le moment j’agis avec la chance d’avoir trouvé un président et un premier ministre qui ont fait de l’école une priorité. Cela ne s’était pas vu depuis longtemps. Ma responsabilité est de réussir cette refondation sans me laisser détourner de cette tâche.
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