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Le Maire (UMP): «On est dans une démocratie à bout de souffle»

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Pendant un an, il est parti à la rencontre de ces Français qui se sentent « délaissés, abandonnés, méprisés, négligés ». De ce tour de France politique, le député UMP de l’Eure Bruno Le Maire a tiré un amer constat : il existe, « dans beaucoup de coins du territoire, une exaspération légitime » à laquelle la droite n’a pas su répondre. D’où, selon lui, les résultats enregistrés par le Front national au premier tour des municipales. Au nom de la « rénovation démocratique » et du non-cumul des mandats qu’il défend, il se présente aujourd’hui en dernière position de la liste de Guy Lefrand, à Évreux.

Dans un entretien à Mediapart, l’ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin (2002-2007) expose les grandes lignes du « chemin de la reconquête » de l’UMP : des victoires locales, des primaires en 2016, des débats ouverts à la société civile pour débattre « sur le fond des idées » et non « sur les personnes ». Le tout, en veillant à garder un « esprit collectif ». « Le chemin sera encore long avant de retrouver de la crédibilité aux yeux des Français », reconnaît-il.

S’il prône un renouveau de la vie politique française, l’ex-ministre de Nicolas Sarkozy n’entend demander « de comptes à personne ». Pour lui, la multiplication des affaires visant l’ancien président de la République et son entourage relève de la justice et de la justice seule. Pour autant, et contrairement à bon nombre d’autres responsables UMP, il « ne demande pas de traitement de faveur pour Nicolas Sarkozy ». « En démocratie, chacun est un justiciable comme un autre. »

Jean-François Copé a refusé l’appel au Front républicain lancé par le PS pour battre le Front national au second tour des municipales. Soutenez-vous cette ligne ?

Bruno Le Maire. Je suis totalement d’accord avec la ligne de l’UMP qui, aujourd’hui, rassemble tout le monde. Je ne vous dis pas que ce sont des choses qui se décident comme ça, en cinq minutes. Si on estime qu’un parti ne peut pas rentrer dans le jeu républicain, ce parti a vocation à être dissous. Mais si on admet que tous les partis qui sont aujourd’hui sur l’échiquier politique français respectent les règles de la démocratie, alors on combat le Front national par les armes républicaines que sont les idées et les convictions.

Je préfère voir le FN accéder à quelques mairies et apporter la preuve que ses propositions ne sont pas des solutions pour les Français. Le Front national municipal sera un échec. Il n’a pas marché dans le passé, il ne marchera pas dans l’avenir.

Le Front républicain, c’est la morale à la place de la démocratie et de la politique. C’est dire que le Front national ne respecte pas les règles du jeu démocratique et donc qu’il n’est pas possible de lui laisser gagner une municipalité. Moi, je ne raisonne pas comme ça. Je combats le Front national, c’est mon adversaire, je ne voterai jamais pour lui. Mais c’est un parti qui est inscrit dans le jeu républicain.

Il n’y a rien de moins efficace que le Front républicain. Je pense même qu’il obtient des résultats inverses que ceux escomptés. Il nourrit l’idée que les solutions socialistes et les solutions UMP sont les mêmes. La démocratie, c’est la différence. Le premier responsable de la montée du Front national, c’est le Parti socialiste. Le FN est la planche de salut d’un PS en pleine déconfiture. Leur incapacité à endiguer le chômage, à répondre aux problèmes de sécurité, à avoir une politique en matière d’intégration qui soit efficace, fait le jeu du Front national.

Bruno Le Maire, le 25 mars à Paris.Bruno Le Maire, le 25 mars à Paris. © ES

Cette montée du Front national ne tient-elle pas aussi à la droitisation de l’UMP ? Au glissement de la droite républicaine vers la « droite décomplexée » de Jean-François Copé ?

La question n’est pas celle de la « droite décomplexée », mais celle de l’échec des élus : quelle prise avons-nous sur la réalité ? Voilà ce que disent les gens qui votent Front national : « Vous faites de beaux discours, vous discutez, mais vous ne changez pas notre réalité. Comment est-ce que vous faites lorsque vous êtes dans un quartier difficile, où cinq gamins perturbent la vie de tout le monde, volent la moto du voisin, cassent les carreaux, volent la dame qui vient de tirer ses billets au distributeur automatique ? »

La réponse que nous avons apportée à droite n’était pas la bonne, reconnaissons-le. Nous avons durci des textes, mais ça n’a pas suffisamment changé le quotidien des gens. Sur la récidive, par exemple, la vraie clef est d’améliorer le fonctionnement de la chaîne pénale pour qu’un jeune qui a commis un délit puisse être jugé dans les deux mois qui suivent son arrestation et sanctionné immédiatement.

Je ne supporte plus les leçons de morale données par les socialistes, alors que c’est leur incapacité à régler les problèmes des plus modestes qui nourrit le Front national. Je les en rends directement responsables. À l’UMP, nous sommes d’une clarté totale. Il n’y a pas de vote, il n’y a pas d’accord, il n’y a pas de discussion avec le FN.

Même quand François Fillon affirme en octobre 2013 que les électeurs pourraient voter pour un candidat du FN aux élections municipales, à condition qu’il soit « le moins sectaire » ?

Chacun est libre de ses propos. Le vrai débat, c’est comment nous améliorons la chaîne pénale, l’intégration, l’emploi, les perspectives pour les jeunes. Quand vous voyez ce qu’était la ville de Forbach il y a vingt ans… Aujourd’hui, toutes les houillères ont fermé, il n’y a plus d’emplois, plus de possibilité pour les enfants de réussir. Il y a une immigration massive, liée à la demande de droit d’asile, qui aboutit à ce qu’on loge aux frais de l’État un certain nombre de demandeurs d’asile, notamment du Kosovo, avec de véritables filières, parfois mafieuses.

Que propose-t-on aux habitants de Forbach ? Les représentants du Front national apportent des réponses qui sont évidemment trop simplistes. Mais les citoyens ont été déçus. La droite n’a pas fait la politique qu’ils attendaient. Ils essaient maintenant la gauche et c’est calamiteux. François Hollande a cassé la France. Je n’ai jamais vu mon pays dans cet état, jamais. Alors certains veulent essayer le Front national.

Peut-on considérer que la droite d’aujourd’hui vote FN ?

Non ! Absolument pas ! Il y a énormément d’électeurs de gauche qui votent Front national. C’est pour ça que je refuse catégoriquement qu’on fasse le moindre procès à ma famille politique sur le sujet. Forbach et Hénin-Beaumont, c’est la gauche. Pourquoi le FN y fait-il des scores si importants ? Il est fort parce que nos solutions étaient trop faibles, notre capacité à écouter les électeurs, pas assez importante.

Alain Juppé vient d’être réélu triomphalement à Bordeaux. Est-il devenu incontournable pour 2017 ?

C’est une victoire magnifique et méritée. Alain Juppé n’avait absolument pas besoin d’une victoire municipale à Bordeaux pour jouer un rôle national. Il faut que nous puissions utiliser la diversité des talents à droite dès le lendemain du second tour. Alain Juppé fait évidemment partie de ces talents, comme Xavier Bertrand ou Nathalie Kosciusko-Morizet. Ne nous précipitons pas à vouloir définir un grand chef qui prendrait le pas sur tout le monde.

Notre responsable pour la prochaine élection présidentielle sera choisi par les primaires, qui ont été voulues par 95 % des militants de l’UMP. Ne sortons pas de ce cadre-là. Ces municipales prouvent que nous pouvons gagner des victoires électorales avec un parti bien organisé et un esprit collectif. Notre chemin de reconquête est clairement tracé.

Par quoi passera ce « chemin de reconquête » ?

D’abord par des victoires aux élections municipales. C’est évidemment la clef et il faut se battre jusqu’à dimanche, parce que la reconquête nationale passera par la reconquête locale. Ensuite, il y aura un certain nombre d’autres rendez-vous électoraux (européennes, régionales, sénatoriales) que nous devrons gagner. Il faut bien que nous comprenions que subsiste, dans beaucoup de coins du territoire, une exaspération légitime à laquelle nous n’avons pas répondu. Une partie des Français se sent délaissée, abandonnée, méprisée, négligée.

Vous estimez donc que la droite gouvernementale a mené jusque-là une mauvaise politique ?

Je dis surtout que la vraie réponse au Front national, c’est d’être capable de regarder les difficultés des gens et d’y apporter des réponses très concrètes. La politique doit reprendre ses droits sur la réalité.

Les responsables politiques doivent être capables de se remettre en cause. La vie politique fonctionne comme une caste. Elle n’est pas capable de se renouveler. J’ai fait un certain nombre de propositions et je pense qu’elles sont aujourd’hui indispensables pour redonner un peu de dignité à la démocratie française.

Ça passe par le non-cumul des mandats, la réduction du nombre d’élus locaux et de parlementaires, l’obligation de démission des hauts fonctionnaires quand ils font de la politique. Pour que nous retrouvions un peu de respectabilité. Respectabilité pour les politiques, efficacité dans le fonctionnement démocratique et écoute des gens. Avec tout ça, on pourra faire baisser le Front national.

Vous êtes favorable au non-cumul des mandats et pourtant, vous avez voté contre la loi.

La politique a besoin d’actes. Tous ces élus socialistes qui ont voté comme un seul homme le non-cumul des mandats et qui se présentent aujourd’hui en tête de liste, c’est incompréhensible pour les gens. Moi, j’ai fait un choix différent : j’ai commencé par me l’appliquer à moi-même à Évreux.

Je n’ai pas voté le non-cumul parce que j’estime que cette loi est totalement insuffisante, qu’il faut aller beaucoup plus loin. Mon geste concret, c’est d’avoir déposé une proposition de loi complète.

Un an et demi après sa crise interne, l’UMP n’a toujours pas réussi à se relever. Ne désespérez-vous pas qu’elle y parvienne un jour ?

Nous avons bien progressé à ces élections municipales. Maintenant, il faut confirmer l’essai au second tour. Au-delà des succès d’Alain Juppé et de Jean-Claude Gaudin, je voudrais signaler les scores exceptionnels qui ont été faits par des jeunes de droite. Robin Réda à Juvisy, 22 ans, élu au premier tour dans une ville qui est à gauche depuis 60 ans, chapeau ! Alexandre Rassaërt, 40 % à Gisors, ville communiste depuis 37 ans. Michel Havard, qui met le maire de Lyon – soi-disant le meilleur maire de France – en ballottage pour la première fois.

Mais sur le plan national, le succès n'est pas si flagrant. Pourquoi l’UMP n’a-t-elle pas davantage bénéficié du recul du PS aux municipales ?

Il faut être lucide sur la situation de la droite en 2012. On n’a jamais été aussi faible depuis 1958. Interpréter la défaite de Nicolas Sarkozy comme le rejet d’un homme est une erreur d’analyse complète. C’est le point d’aboutissement d’un reflux de la droite, qui est engagé depuis des années et qui a commencé par les élections locales. On a perdu les villes, puis les départements, puis quasiment toutes les régions, et au bout du compte, nous avons perdu le Sénat.

Du coup, on a perdu les législatives et la présidentielle. 2012, année zéro. Tous ceux qui pensent qu’on va reconquérir le pouvoir du jour au lendemain, simplement parce que la gauche est nulle, se trompent. La nullité de la gauche profite à ceux qui n’ont jamais occupé le pouvoir et qui tiennent des propos simplistes : le Front national.

Notre reconquête sera forcément lente et difficile. Mais je suis plutôt satisfait par les résultats municipaux, parce que c’est la preuve qu’on commence à reprendre du terrain. Nous devons être capables d’avoir des idées radicalement nouvelles.

Vous faites de l’autorité l’un de vos principes forts. Or, depuis la guerre Copé/Fillon, les voix de l’UMP n’en finissent pas de dissoner. N’est-ce pas là la marque d’une crise d’autorité au sein de votre propre parti ?

La guerre des chefs a été un désastre dont nous mettons du temps à nous relever. Il faut que nous en tirions les conséquences pour nous dire que, désormais, personne ne peut prendre le moindre risque d’une nouvelle guerre des chefs.

L’autorité, ce n’est pas le culte du chef, ni celui des ordres, ni celui de quelqu’un qui va diriger tout le monde à la place des autres. L’autorité, c’est le respect, la dignité, l’exemplarité, le bon comportement. Le chemin sera encore long avant de retrouver de la crédibilité aux yeux des Français. La meilleure façon d’y parvenir, c’est de débattre sur le fond des idées, pas sur les personnes.

Mais lorsque l’UMP tente de débattre sur le fond des idées, comme ce fut le cas lors de la préparation de votre projet d’alternance, là encore, les critiques internes pleuvent.

Je souhaite que nous soyons tous moins critiques les uns vis-à-vis des autres et plus soucieux d’apporter des propositions. Il est beaucoup trop tôt pour présenter un vrai projet politique, mais il nous faut évidemment commencer à avancer des idées.

Les questions de société ont révélé de nouveaux désaccords profonds entre les différentes sensibilités de votre parti. Elles ont été écartées du projet d’alternance. L’UMP ne doit-elle pas prendre le temps de discuter de ces sujets ?

Il faut évidemment parler des sujets de société, mais il faut le faire calmement, en écoutant les uns et les autres et en faisant des propositions. Nous aurons forcément des différences sur ces sujets-là mais ce n’est pas la peine de s’invectiver ou de se critiquer.

J’ai pris, sur le mariage pour tous, une position minoritaire dans ma famille politique. Je l’assume totalement. Je pense que le mariage, et tout ce qui peut renforcer la stabilité des couples homosexuels, est une bonne chose. Je continue à défendre cette idée-là. En même temps, j’y mets une ligne rouge très claire : je suis opposé à la PMA, à la GPA et à tout ce qui donne l’impression que les enfants sont un droit.

Ne regrettez-vous pas qu’à droite, les questions de société soient aujourd’hui réduites à des caricatures telles que l’épisode du « Tous à poil ! » ?

Je regrette les polémiques sur ces sujets parce que j’estime que ce sont des sujets importants, même s’ils ne sont pas prioritaires. Pour moi, le sujet prioritaire, c’est l’emploi. Quant aux sujets de société, ce n’est pas entre nous qu’il faut en débattre, mais avec les Français. C’est ce que doit comprendre notre famille politique. Prenons le sujet de la fin de vie, un sujet douloureux que j’ai connu personnellement avec mon père. Est-ce qu’on accélère les choses ? Est-ce que le texte de Jean Leonetti est suffisant ? Est-ce qu’on rend les directives de fin de vie obligatoires, pour qu’on ne se retrouve pas dans le drame qu’on vient de connaître avec la famille Humbert ? Il faut permettre au plus grand nombre de Français de mourir dans la dignité, en ayant accès beaucoup plus largement à des unités de soins palliatifs.

Nombreux sont ceux, à l’UMP, à considérer Nicolas Sarkozy comme leur leader naturel.

Je doute que Nicolas Sarkozy se présente comme cela. Je crois au leader, je pense qu’on a besoin de quelqu’un pour pousser le pays, pour l’incarner. Mais ce leader, il sera choisi par les Français.

Les affaires se sont multipliées à droite au cours des dernières semaines, mettant en difficulté votre famille politique et faisant resurgir ses querelles internes. N’est-il pas temps d’opérer un grand ménage au sein de l’UMP, comme certains le réclament déjà dans vos propres rangs ?

Non. Respectons le fonctionnement démocratique. Je fais totalement confiance à la justice française pour déterminer ce qui est condamnable et ce qui ne l’est pas. Si, à un moment donné, quoi que ce soit est condamné par la justice, dans ce cas-là, on en tirera les conséquences politiques.

Vous ne demanderez donc pas de comptes à Jean-François Copé au sujet de l’affaire Bygmalion, comme François Fillon souhaite le faire à l’issue des municipales ?

Je ne demande de comptes à personne. C’est à la justice d’établir la vérité des faits.

Vous avez déclaré que Nicolas Sarkozy « (était) et sera toujours un atout pour (votre) famille politique ». Or, jamais sous la Ve République, un système présidentiel n’avait été autant cerné par les affaires. Est-ce vraiment là un atout pour l’UMP ?

Nicolas Sarkozy reste un atout pour l’UMP. Ce que je souhaite, c’est que la justice puisse travailler dans la sérénité. Je suis profondément choqué par cette justice faite en direct, aux yeux de tous, sans respect du secret de l’instruction.

J’ai réagi sur la tribune de Nicolas Sarkozy en disant que je comprenais son indignation et sa colère parce qu’il a droit au secret de l’instruction. Je ne demande pas de traitement de faveur pour Nicolas Sarkozy. En démocratie, chacun est un justiciable comme un autre et je ne fais aucun procès aux juges. Je dis juste que cette procédure doit se dérouler dans le secret et le silence, pour remettre de la sérénité dans le débat public.

Je suis profondément choqué de la manière dont réagit le pouvoir en place, des mensonges de Madame Taubira, de la lâcheté de François Hollande qui est responsable et garant de l’indépendance de la justice, et qui devrait, à ce titre, réagir.

Les affaires Sarkozy sur lesquelles enquêtent les juges ne vous semblent-elles pas plus importantes que le simple fait de savoir si le gouvernement était au courant des écoutes un 26 février ou un 7 mars ?

Je ne suis pas d’accord avec cela. Ce qui décrédibilise la vie politique, c’est que tout ce qui devrait être secret est sur la place publique. Le garant de la sérénité et du fonctionnement de la justice, c’est le président de la République. Or sur ce sujet, comme sur tous les autres, François Hollande est en situation d’échec complet. Il n’assume pas ses responsabilités. Il n’y a plus de chef de l’État, c’est bien là le drame.

Vous avez la sensation que Nicolas Sarkozy garantissait la sérénité de la justice lorsqu’il était au pouvoir ?

C’est un autre sujet. Les propos que Nicolas Sarkozy a pu tenir sur les juges, ce ne sont pas les miens. C’est la même chose pour le “mur des cons” du syndicat de la magistrature. Quand je vous dis qu’il est indispensable que notre vie publique retrouve de la dignité, ça concerne tout le monde.

Vous prônez une rénovation démocratique. Doit-elle passer par une révision profonde de nos institutions ?

L’urgence n’est pas dans les institutions elles-mêmes, mais dans le fonctionnement politique que nous avons dans le cadre de ces institutions. Est-ce qu’on peut garder 577 députés ? Il y a urgence à les ramener à 400. Est-ce qu’on peut garder un fonctionnement parlementaire comme celui qui existe aujourd’hui ? Non. Est-ce qu’on peut garder autant d’élus locaux ? Il est urgent de diviser par deux leur nombre.

Est-ce qu’on peut garder la structure administrative qui existe aujourd’hui avec les départements, les régions, les communes, les intercommunalités ? Impossible. Il faut fusionner les départements et les régions, ramener le nombre de régions à une dizaine pour avoir des régions qui soient de la taille des régions européennes. Est-ce qu’on peut garder cette confusion scandaleuse dans une République entre la fonction publique et la politique ? La clef de la fonction publique, c’est l’indépendance vis-à-vis du pouvoir politique. Je demande que tous les hauts fonctionnaires démissionnent de la fonction publique quand ils deviennent députés ou sénateurs.

Je rappelle d’ailleurs qu’en Grande-Bretagne, si vous voulez entrer à la chambre des communes et que vous êtes membre de la haute fonction publique britannique, vous devez démissionner avant de vous présenter.

Comment définiriez-vous cette rénovation démocratique ?

La rénovation démocratique, c’est imposer des règles aux responsables politiques pour avoir un fonctionnement qui soit plus digne. Remettre de la dignité dans le débat politique avec ce que j’ai déjà proposé. Le non-cumul des mandats, bien sûr, mais aussi la limitation à trois du nombre de mandats nationaux successifs. Les jeunes ont envie de s’engager en politique, ils ont soif de politique. Ce n’est pas vrai qu’ils en sont dégoûtés, ils voudraient simplement en faire eux-mêmes, mais ils en sont privés. Limitez dans la durée le nombre de mandats et interdisez le cumul, vous verrez tout d’un coup la place que cela fera aux jeunes !

Ensuite, effectivement, on pourra réfléchir à la question des institutions. Le rôle du premier ministre, l’équilibre entre le pouvoir parlementaire et le pouvoir exécutif, les prérogatives du président de la République... On est dans une démocratie à bout de souffle, dont le fonctionnement ressemble étrangement et scandaleusement à celui d’une monarchie.

BOITE NOIREL'entretien a eu lieu le mardi 25 mars. Bruno Le Maire a souhaité le relire, comme c'est le cas de l'écrasante majorité des responsables politiques. Le texte a été amendé par ses conseillers, notamment la partie concernant le leader de l'UMP.

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