Joël Gombin est doctorant en sciences politiques au CURAPP (l'Université de Picardie-Jules Verne), il étudie les électorats et votes Front national, il a beaucoup travaillé sur la région Paca et les comportements politiques des mondes agricoles. Il est aussi membre de l'Observatoire des radicalités politiques (ORAP), lancé en février, qui rassemble les chercheurs travaillant sur l'extrême droite (lire notre boîte noire).
À l'aide des résultats du premier tour des municipales, il a réalisé plusieurs cartes interactives du vote FN. La première montre le vote pour le parti de Marine Le Pen commune par commune. Elle est visible sur son site, en cliquant ici. Mais il a aussi zoomé sur deux zones fortes du Front national: le pourtour méditérranéen et le Pas-de-Calais, où se trouve Hénin-Beaumont, remportée dès le premier tour par Steeve Briois.
- LE POURTOUR MÉDITERRANÉEN
Publiée sur Slate, cette carte interactive met en évidence le vote frontiste sur le pourtour méditerranéen. Comme le rappelle le chercheur, c'est dans trois villes du sud-est de la France que les listes d’extrême droite ont dépassé 40% des voix au premier tour, et dans nombre d'autres que le FN s'est situé entre 30% et 40%.
Le parti d’extrême droite a toujours réalisé des scores élevés en Paca (Provence-Alpes-Côte d’Azur), sa région historique, où sont élus Jean-Marie Le Pen et Marion Maréchal-Le Pen. C’est ici qu’il a obtenu en 2011 puis 2013 ses deux conseillers généraux (à Brignoles dans le Var et Carpentras dans le Vaucluse) et quasiment renoué avec ses scores historiques du milieu des années 1980 (lire notre article). C’est ici aussi qu’il a gagné, au premier tour de la présidentielle de 2012, environ dix points dans chaque département par rapport à 2007, année de son trou d’air. Dans sept circonscriptions, le parti lepéniste était même devant l’UMP (lire notre article). Le Vaucluse fut, à l'issue du premier tour de la présidentielle, le premier parti frontiste (27%).
Le 23 mars, au premier tour des municipales, l'extrême droite y a à nouveau démontré sa puissance (lire nos articles ici et là). Mais elle a aussi réalisé des scores historiques plus à l'ouest, à Béziers et Perpignan. « La présence du FN est essentiellement littorale, là où les tensions foncières et sociales sont les plus fortes, et dans le delta rhodanien, terres agricoles et de petites industries en déclin », explique Joël Gombin à Slate.
Dans le Gard, on peut relever les 42,57% du député frontiste Gilbert Collard à Saint-Gilles, ou les 24,34% de Pierre Chenel à Arles (devancé par le maire sortant), ou encore les 32,61% de Jean-Louis Meizonnet à Vauvert (devancé par le divers gauche Jean Denat). Dans le département voisin, le Vaucluse, on note les 34,38% d'Hervé de Lépinau à Carpentras et les 31,6% de Philippe Lottiaux à Avignon.
Dans le Var, David Rachline rassemble 40,30% à Fréjus, Marc-Etienne Lansade 39,03% à Cogolin, où le PS a annoncé le retrait de sa liste. Laurent Lopez, avec 37,07% à Brignoles dans l'arrière-pays, arrive lui aussi en tête, après avoir remporté l'élection cantonale partielle en octobre 2013 (lire nos articles ici et là).
Joël Gombin souligne que dans l’arrière-pays rural, où le parti lepéniste « est généralement incapable de monter des listes », il réalise tout de même 27,69% à Digne-les-Bains (Alpes de Haute Provence), où la candidate arrive en tête.
Plus à l'ouest, Béziers (Hérault) et Perpignan (Pyrénées-Orientales) se démarquent avec leurs 44,88% pour Robert Ménard, soutenu par le Rassemblement bleu marine, et 33% pour Louis Aliot, le numéro deux du FN.
- PAS-DE-CALAIS
Autre carte intéressante publiée sur Slate, celle du Pas-de-Calais, terre de gauche où le vote FN ne cesse de progresser.
À Hénin-Beaumont, ville de 26 000 habitants du bassin minier conquise dès le premier tour, Steeve Briois, le secrétaire général du parti, recueille 50,26% des voix (lire à ce sujet notre article). Autour, d'autres villes se détachent: Mericourt (33,67%), Carvin (35,22%).
Le chercheur relève aussi des scores élevés au nord à la frontière belge à Wattrelos (25,01%), Roubaix (19,31) et Tourcoing (17,52%), et à l'extrême nord à Dunkerque (22,59%).
BOITE NOIREJoël Gombin travaille sur le Front national depuis 2004 et est membre du nouvel Observatoire des radicalités politiques (ORAP).
Il termine une thèse sur les votes FN en Paca (Configurations locales et construction sociale des électorats. Étude comparative des votes FN en région PACA, sous la direction de Patrick Lehingue et Christophe Traïni, Professeurs des Universités). Il a contribué, pour la région PACA, à l'ouvrage Le Front national. Mutations de l'extrême droite française, dirigé par Pascal Delwit (Éditions de l'Université libre de Bruxelles, 2012).
Il travaille également sur les comportements politiques des mondes agricoles et a publié, avec Pierre Mayance, Tous conservateurs ? Analyse écologique du vote de la population agricole lors de l’élection présidentielle de 2007, in B. Hervieu, N. Mayer, P. Muller, F. Purseigle, J. Rémy (dir.) Les Mondes agricoles en politique, Paris, Presses de Sciences-Po, 2010.
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