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Université Versailles Saint-Quentin: l'ancienne présidente nous écrit

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Votre article du 7 mars 2014 intitulé « Versailles Saint-Quentin: l'incroyable descente aux enfers d'une université » écrit par Lucie DELAPORTE me met directement en cause dans la situation budgétaire actuelle de l’Université dont j’ai été la Présidente de 2002 à 2012. Selon votre journaliste, les difficultés budgétaires dénoncées seraient essentiellement dues à la passation de deux partenariats publics privés sur lesquels pèseraient, selon ses propres termes, « de lourds soupçons de favoritisme ». Par ailleurs, j’aurais mené durant mon mandat, une politique d’attributions de prime « clientéliste ». Manifestement, le journaliste qui s’est appuyé, semble-t-il, sur un document « quasi-définitif » de la cour des comptes – il s’agit en réalité d’un « Relevé d’observations provisoires » -, ne connaît ni la situation financière exacte de l’Université, ni la gouvernance universitaire, ni les modes de passation des partenariats publics-privés.

S’agissant de la situation budgétaire, je précise que j’ai quitté mes fonctions de Présidente il y deux ans exactement, en mars 2012. Votre journaliste semble indiquer, sans apporter toutefois aucun élément à l‘appui de ses allégations, que la situation actuelle serait la cause de la gestion passée dont les dérives auraient été cachées aux dirigeants actuels qui « découvriraient » la situation. De tels raccourcis sont proprement effarants. Durant ma présidence, le budget a toujours été préparé en totale transparence par une équipe dirigeante où d’ailleurs le Président actuel, M. Jean-Luc Vayssière en sa qualité de Vice Président en charge du Conseil d’administration jouait un rôle pivot, notamment dans la préparation et la présentation des budgets. Quant au DGS actuel, Monsieur Larger, il était le directeur financier.  Jusqu’à mon départ, il ne se trouvait aucun signal de déficit. Le recteur a toujours validé nos budgets et les commissaires aux comptes ont systématiquement attesté leur sincérité.  La situation financière, fin 2011, était saine avec un fonds de roulement qui s’était accru de plus de 6 millions d’euros, des ressources propres en augmentation régulière et des ressources sur contrats de recherche s’élevant à plus de 17 millions d’euros. Le taux d’exécution des recettes était de 90% fin 2011.

Je récuse, par ailleurs, toute critique quant à la politique de recrutement menée durant ma présidence. L’université Versailles Saint-Quentin est un établissement récent qui a connu un développement considérable. Les effectifs étudiants ont cru de près de 40% entre 2006 et 2012. Pour accomplir les missions de service public d’enseignement et de recherche, l’Université était dans l’obligation de mener une politique de recrutement conforme aux objectifs fixés par la loi. Cette politique a, d’ailleurs, fait ses preuves tant en termes de taux de réussite des étudiants qu’en terme de recherche (classement de Shanghai). L’attribution des primes et la politique d’intéressement, conformes en tous points aux règles juridiques, ont toujours été fondées sur des critères objectifs, y compris lorsqu’elles affectent mon mari, Professeur à l’Université Versailles Saint-Quentin depuis bientôt vingt ans et ayant apporté depuis cette date environ 300 000 euros de contrats chaque année à l’université. Les graves accusations de clientélisme que vous portez ne reposent que sur l’affirmation péremptoire d’un enseignant-chercheur qui, à ma connaissance, n’a jamais participé à aucun des organes délibérants de l’université durant la période en question.

Quant aux deux partenariats-publics-privés qui ont été passés, ils ne relèvent nullement, là non plus, de stratégies personnelles. Il faut beaucoup de mauvaise foi, d’ignorance ou de naïveté pour considérer qu’un contrat de partenariat puisse être décidé, en dehors de toute considération d’intérêt général, par un Président d’Université qui engagerait seul l’établissement public qu’il représente, tout cela selon son bon plaisir. Les deux PPP évoqués dans votre article ont été votés à l’unanimité par le Conseil d’administration de l’université et ils l’ont été à plusieurs reprises après qu’un comité interministériel eut suivi et validé chacune des étapes du dialogue compétitif, jusqu’au choix du prestataire, de l’acceptation de son financement et de son autorisation par le ministre. Toute la procédure a été, par ailleurs, scrupuleusement contrôlée par un comité de pilotage où je ne siégeais pas, composé de membres de l’université, du ministère de l’enseignement et de la recherche, de la mission d’appui aux partenariats publics-privés, service du ministère de l’économie. Contrairement à ce que vous supputez, la fondation Fondaterra qui est une fondation partenariale de l’université et que je présidais en ma qualité de Présidente de l’université n’a joué aucun rôle occulte dans le choix du prestataire du contrat de performance énergétique. Lors du conseil d’administration dont l’article fait état (il s’agit de celui du 23 janvier 2007), la déléguée générale de Fondaterra, Madame Marie Françoise Guyonnaud, a été invitée par le directeur du patrimoine immobilier et de l’environnement de l’université à présenter les résultats d’une étude menée pour l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie sur l’efficacité énergétique. Contrairement à ce que vous avancez, son intervention avait bien été mentionnée dans un long additif à l’ordre du jour du conseil d’administration de l’université.   Il n’y a là nul mystère, pas plus que de sombres machinations. Je suis, à cet égard, littéralement stupéfaite qu’un journal d’investigation puisse asséner sur la foi de simples « informations » que toute entreprise souhaitant participer à un appel d’offres devait adhérer à Fondaterra moyennant  droit d’entrée à acquitter en espèces. On passe en somme du lobby au racket...

De la même façon, vous remettez en cause ma participation à des rencontres organisées par la chaire PPP de l‘IAE de Paris  où ont participé, bien d’autres universitaires. Quant au Club des PPP, de nombreux ministres, bien des élus, des recteurs, des universitaires français et étrangers y ont fait des interventions et y ont reçu des trophées, sans que des accusations de lobbying, ou pire, ne leur soient faites.

Evidemment, ces allégations sont aussi mensongères que fantaisistes, dans la tonalité d’un article pratiquant l’amalgame et le raccourci et où se mêlent confusément des considérations générales sur l’autonomie des universités et des attaques ad hominem concernant un président d’université auquel il est commode d’attribuer la responsabilité de ce que vous qualifiez, sur le registre sensationnel, « une descente aux enfers ».

Sylvie FAUCHEUX

 

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