Il s’en passe de belles, à la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL). Jeudi 30 janvier, 11 des 17 commissaires ont été renouvelés comme il se doit tous les deux ans, et le pouvoir actuel aurait vu d’un bon œil un changement de présidence. La sortante, Isabelle Falque-Pierrotin, qui a déjà effectué deux mandats depuis septembre 2011, est en effet étiquetée à droite.
Isabelle Falque-PierrotinAncienne directrice-adjointe du cabinet de Jacques Toubon au ministère de la culture (de 1993 à 1995), elle avait été nommée membre de la CNIL par Matignon au titre des « personnalités qualifiées » depuis janvier 2004, et était devenue présidente sous le gouvernement Fillon.
Assez logiquement, Isabelle Falque-Pierrotin ne fait pas partie des trois personnalités qualifiées qui ont été désignées jeudi – avec un souci de renouvellement – par Jean-Marc Ayrault... Mais elle l’a été in extremis par le Conseil d’État, son corps d’origine.
Et le jour même, jeudi 30, dans un mail adressé aux 17 membres de la commission, la présidente sortante annonce sa candidature par mail, avec ces quelques mots : « Bonjour à tous, je souhaite me porter candidate à la présidence de la CNIL pour poursuivre le travail engagé depuis 2 ans et, dans une période clé pour notre institution, promouvoir avec vous une vision forte et moderne de la protection de données personnelles, en France comme à l'étranger. »
Philippe LemoineDans un mail précédent, le lundi 27, les anciens membres soucieux de candidater à la présidence avaient été priés par le secrétaire général de la CNIL, Édouard Geffray, de se faire connaître, l'élection du président et des vice-présidents devant se dérouler dès le mardi 4 février au matin en séance plénière.
« Je serais reconnaissant à ceux d'entre vous qui souhaitent faire acte de candidature à l'une ou l'autre de ces fonctions de bien vouloir m'en informer au plus tard vendredi 31 janvier midi, afin que nous puissions vous communiquer la liste des candidats en temps utile et préparer les bulletins de vote », écrivait-il.
Concrètement, les nouveaux membres, eux, n’ont donc que quelques heures pour se porter candidats à la présidence. Du coup, le favori du pouvoir actuel, Philippe Lemoine, qui est étiqueté à gauche, risque d’être le grand perdant de ces manœuvres.
Ancien membre de la CNIL à ses débuts, à partir de 1981, Philippe Lemoine a ensuite fait carrière dans le privé, en état notamment président du groupe Galeries Lafayette puis PDG du groupe Laser-Cofinoga. Récemment, Jean-Marc Ayrault lui a confié un rapport sur la transformation numérique de l’économie française.
Dans un mail adressé jeudi à Isabelle Falque-Pierrotin, Philippe Lemoine écrit ceci : « Madame la Présidente,
Chère Isabelle, je te remercie de ton mail qui m'informe officiellement de ma nomination comme membre de la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés. Je me réjouis de travailler à nouveau au sein de cette belle institution que j'ai contribué à créer, dont j'ai été commissaire du gouvernement, puis membre pendant longtemps. C'est un plaisir de siéger à nouveau avec toi et avec ces nouveaux collègues dont je découvre la liste dans ton mail. J'ai également pris bonne note des informations suivantes contenues dans ton message :
1. Une séance plénière se tiendra mardi à 9h30 ;
2. Cette séance sera consacrée à l'élection du Président et du vice-Président ;
3. Tu es candidate à la présidence ;
4. Selon le mail du secrétaire général joint à ton envoi, le dépôt des candidatures est attendu avant demain midi. »
Fin du suspense mardi.
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