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Rue du Cirque: la police avait enquêté sur les liens de Ferracci avec la Brise de Mer et... Squarcini

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Avant que son nom ne se retrouve mêlé à l’affaire de l’appartement utilisé par François Hollande et Julie Gayet, Michel Ferracci est apparu dans le tentaculaire dossier du Cercle de jeux Wagram. Ancien directeur des jeux de l’établissement, il a été condamné, le 4 novembre, à dix-huit mois de prison avec sursis pour avoir participé au système mis en place depuis plusieurs années au sein du cercle afin de détourner de l’argent au profit du gang corse de la Brise de Mer.

Entré au Wagram en 1995, il y fut d’abord chef de partie avant d’en devenir principal collaborateur en 2000 et ce, jusqu’à son départ, en 2009, pour se consacrer à sa carrière d’acteur – il faisait notamment partie du casting de la série Mafiosa et du film Les Apaches, sorti en août dernier.

Lors du procès Wagram, qui s’est tenu pendant trois semaines au tribunal correctionnel de Paris, courant octobre 2013, Michel Ferracci a répété n’avoir « rien à voir » avec la Brise de Mer en général et l'une de ses figures en particulier, Jean-Angelo Guazzelli, présenté comme « l’ex-cerveau » du Cercle et condamné à 3 ans de prison dont 2 fermes et 100 000 euros d’amende. Une défense qui n’a guère convaincu le président du tribunal au vu des écoutes téléphoniques et des surveillances effectuées durant l’enquête, le montrant à quatre reprises en 2008 en compagnie de Guazzelli.

Michel Ferracci, dans la série "Mafiosa".Michel Ferracci, dans la série "Mafiosa". © DR

L’instruction menée par les juges Serge Tournaire et Hervé Robert a permis d’en savoir un peu plus sur Michel Ferracci et sur les relations qu'il entretenait avec des figures du grand banditisme corse, mais aussi avec plusieurs personnes issues du milieu policier, à commencer par l'ex-patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), Bernard Squarcini.

Originaire, comme plusieurs acteurs de l'affaire Wagram, de la région de Porto-Vecchio (Corse-du-Sud), Michel Ferracci est interrogé pour la première fois au début du mois de mars 2012. En audition, il confirme avoir rencontré à plusieurs reprises Richard Casanova, une autre grande figure de la Brise de Mer, assassiné à Porto-Vecchio en 2008. Selon les propos qu’il tient en garde à vue, le comédien dit avoir fait la connaissance de ce dernier par le biais de Sandra Germani, la veuve de Casanova, avec qui il est ami depuis les années 1990. « J’ai connu Richard par la suite, explique-t-il aux enquêteurs. Je suis proche de sa femme et de ses enfants, mais de lui, non. Sa mort m’a fait quelque chose quand même. »

Sandra Germani est également la sœur de celui que l’on présente comme le « nouveau parrain corse », Jean-Luc Germani. C’est chez elle que s’était tenue, le 18 janvier 2011, une réunion à laquelle participaient des proches de la Brise de Mer et d'anciens membres du Cercle, écartés de l'établissement par une nouvelle équipe, afin de préparer la reprise en main de l'établissement, effective le lendemain. Michel Ferracci était présent à cette réunion.

Sur procès-verbal, le comédien assure pourtant ne pas savoir que Richard Casanova dirigeait « de fait » le cercle Wagram jusqu’à son assassinat et la reprise de certaines de ses « affaires » par Jean-Angelo Guazzelli. « Ils ont une réputation. Je n’ai pas d’opinion sur cela. Le monde des voyous est particulier », affirme-t-il alors aux enquêteurs en parlant des deux hommes.

Le Cercle Wagram avant sa fermeture en 2011.Le Cercle Wagram avant sa fermeture en 2011. © Clubpoker.net

L’enquête sur le Cercle Wagram a également permis de mettre en plein jour les relations qu’entretenait Michel Ferracci avec le milieu policier et notamment avec l’ex-patron de la DCRI, Bernard Squarcini, par ailleurs entendu comme témoin dans ce dossier. Interrogé sur les liens de Squarcini avec le Wagram, l’ancien secrétaire général du cercle, Jean Testanière, indique le 7 mars 2012 : « Je l'ai croisé deux ou trois fois au cercle, il y a deux ou trois ans. Il était avec Michel Ferracci et une autre personne. Je sais qu’il est responsable de la DCRI. Il est très ami avec Michel Ferracci. Il venait aussi voir Marie-Claire Giacomini (ex-responsable du bar et du restaurant du Wagram – ndlr) qu’il a fait embaucher au cercle. D’autres policiers venaient également dont Robert Saby (directeur du service central des courses et jeux jusqu'en 2011 – ndlr) que je connais comme ça. Celui-ci est venu en 2009 et 2010. C’est un ami de Ferracci, ils faisaient des soirées ensemble. Le personnel en parlait peu car Saby était un personnage assez hautain. Il me paraissait anormal qu’une personne chargée du contrôle sorte avec les responsables qu’il (sic) était censé contrôler. Il y avait aussi un policier des courses et jeux, qui était chargé du contrôle du Cercle, qui était également ami avec Michel. Il venait souvent boire un verre et parler cinéma avec Michel. »

 

Pour Jean Testanière, Bernard Squarcini passait au Wagram « voir Michel et Philippe (Terrazzonni, ancien dirigeant du Wagram, également originaire de la région de Porto-Vecchio – ndlr). On pensait qu’il surveillait tout le monde. Je pense qu’il est de mèche avec Germani. À mon avis, il transmettait des informations à Germani. » Également interrogé sur ses liens avec l’ex-patron de la DCRI, Michel Ferracci indique aux enquêteurs avoir « connu Monsieur Squarcini en 2003, quand il est venu à un cocktail au Cercle Wagram où d’ailleurs il y avait de hauts fonctionnaires de police, d’hommes politiques et de gens connus. »

« À l’époque, il était aux renseignements généraux (RG), je pense qu’il était n°2 des RG, poursuit-il. J’ai sympathisé avec lui, je suis corse également. Il m’a donné sa carte avec son numéro. Ensuite, je l’ai croisé une fois ou deux par hasard à l’extérieur du Cercle et une autre fois au restaurant “À la Villa Corse”. Monsieur Squarcini n’est venu qu’une fois au Cercle Wagram lors de ce cocktail et plus jamais par la suite. Je ne me considère pas comme un ami de Monsieur Squarcini, mais plutôt comme une connaissance. »

L’ex-femme de Michel Ferracci, l’actrice Emmanuelle Hauck, qui prêtait son appartement à François Hollande et Julie Gayet, apparaît également dans la procédure. Sur des écoutes effectuées en août 2009 dans le cadre d’une autre affaire et versées au dossier Wagram, Michel Ferracci raconte à Jean Testanière que son ex-femme a rencontré un homme au passé trouble. Il se dit ennuyé parce qu’il ne veut pas que ses enfants soient élevés « par un voyou ».

« On m’avait dit qu’il s’agissait d’un truand qui tenait une boîte à l’Île-Rousse, explique-t-il aux enquêteurs en mars 2012. Cela ne m’a pas fait plaisir et je ne l’ai pas toléré. J’ai fait ma petite enquête pour apprendre que tout cela était faux. » Pour faire cette « petite enquête », le comédien se tourne donc vers Jean Testanière, ex-secrétaire général du Wagram et magnétiseur du Tout-Paris, également mis en cause dans une autre affaire impliquant les Balkany, afin que ce dernier joue les intermédiaires auprès d’un « ami » dont le nom n’est jamais prononcé au téléphone, mais que les enquêteurs soupçonnent être Jean-Angelo Guazzelli. « Demande à ton ami. Il le connaît bien », assure-t-il à Testanière le 23 août 2009. Quelques minutes plus tard, l’ex-secrétaire général du Wagram est en ligne avec Emmanuelle Hauck, qui lui confirme que son amant connaît le fameux « ami ».

Après s'être officiellement séparée de Michel Ferracci, Emmanuelle Hauck a vécu avec François Masini, un autre Corse connu des services de police pour des affaires de braquage et soupçonné de liens avec la Brise de Mer. Ce dernier a été assassiné le 31 mai 2013, sur la commune de San-Nicolao (Haute-Corse). L’avis de décès mentionne Emmanuelle Hauck comme sa compagne.

Questionné par Bakchich sur l'appartement de la rue du Cirque, Michel Ferracci assure n'avoir « jamais habité là-bas », ce que contredisent les Pages blanches de La Poste où son nom apparaît bien à l’adresse indiquée – l'intéressé affirme que cela est lié à une vieil abonnement Free dont profitent aujourd'hui ses enfants. « Mon nom n'apparaît dans aucun document, vous pouvez vérifier, affirme-t-il pourtant à Bakchich. Et je ne comprends pas ce qui se passe. L'appartement n'est pas vide, mon ancienne compagne et mes deux enfants y habitent. Ils portent mon nom, c'est pour cela que notre patronyme apparaît sur la boîte aux lettres. »

En outre, l’appartement que prêtait Emmanuelle Hauck à François Hollande et Julie Gayet ne figure pas dans le dossier du Cercle Wagram où le comédien détaille ses différents biens immobiliers, à Paris et en Corse. Selon des sources proches de l'Élysée, le bail de l'appartement serait depuis 2011 au nom de la seule actrice Emmanuelle Hauck, qui y vit avec ses enfants qui portent le nom de leur père, Michel Ferracci.

Dans tous les cas, après sa séparation avec Michel Ferracci, Emmanuelle Hauck a continué de rester en relation avec ce milieu du banditisme corse, comme le prouvait son nouveau couple avec François Masini. Le monde policier connaissait évidemment ces liens, qui n'étaient en rien dissimulés. Les nombreuses écoutes et auditions qui ressortent de l'instruction du Cercle Wagram laissent entrevoir les jeux d’amitiés et de chantage qui se jouaient à l’époque entre les salariés du Cercle, les figures du grand banditisme corse et le milieu policier. Autant de connexions qui aggravent davantage encore la question de l’imprudence de François Hollande.

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