Sauf contretemps de dernière minute, le Journal officiel devrait publier ce mardi 7 janvier un décret nommant Émilie Gargatte au poste de conseillère technique en charge de la communication au cabinet de Fleur Pellerin, la ministre déléguée chargée des PME, de l'innovation et de l'économie numérique.
Emilie GargatteÀ première vue, ce décret ne mérite pas qu’on s’y attarde. Tout juste pourrait-on relever – c’est ce qui se murmure dans les couloirs des autres ministères de Bercy –, que la jeune promue, qui n’est pas même trentenaire, n’a aucune expérience des affaires publiques. Consultante chez Havas (ex-Euro RSCG), elle n’a pour l’instant travaillé que dans le cadre de missions obtenues auprès de groupes privés par son agence de communication, notamment MacDo.
Alors pourquoi Fleur Pellerin, qui jusque-là avait comme conseiller en communication Aziz Ridouan, un jeune militant socialiste très engagé dans les débats autour des nouvelles technologies, a-t-elle jugé utile de s’entourer des conseils d’une jeune personne totalement ignorante des sujets du ministère ? La vérité, comme on l’aura deviné, c’est que Havas et son patron, Stéphane Fouks, ont réussi une nouvelle entreprise d’entrisme à Bercy.
Selon nos informations, recueillies auprès d’un parlementaire socialiste très bien informé, Fleur Pellerin a d’abord discrètement déjeuné avec une autre figure de Havas, Anne Hommel, qui a longtemps conseillé Dominique Strauss-Kahn, jusque dans les turbulences après l’affaire du Sofitel. Anne Hommel, c’est cette communicante à qui l’on doit cet aveu stupéfiant : « La vérité n’est pas mon sujet. » Elle l’avait prononcé, en réponse à un média qui l’interrogeait sur les mensonges de l’ex-ministre du budget, Jérôme Cahuzac, et sur la stratégie de communication qu’il avait adoptée, avec l’appui de sa conseillère, Marion Bougeard, une autre communicante détachée à Bercy par... Stéphane Fouks.
C’est donc Anne Hommel qui aurait soufflé à l’oreille de Fleur Pellerin l'idée de prendre à ses côtés Émilie Gargatte. La ministre aurait également eu une rencontre avec Stéphane Fouks, sans que l’on sache si dans la foulée l’agence Havas a décroché – ou va décrocher – un contrat plus global avec le ministère de l’économie numérique.
À Bercy, il se dit beaucoup que Fleur Pellerin craint beaucoup de ne pas être reconduite en cas de remaniement ministériel, et que le recours à Havas est un moyen – un peu désespéré ? – pour tenter de défendre sa cause en jouant de son image. Mais comme Havas est dans les petits papiers de Pierre Moscovici, mais vraiment pas dans ceux de Matignon ou de l’Élysée, le choix n’est peut-être pas des plus habiles…
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