Philippe Marlière, professeur de sciences politiques à University College London, est bien connu des lecteurs de Mediapart, où il tient l'un des blogs les plus recommandés. Il a longtemps appartenu à l'aile gauche du PS, avant d'en partir en 2009, pour rejoindre le NPA d'Olivier Besancenot, et le quitter à son tour.
Marlière fait partie d'une gauche radicale qui rêve néanmoins d'unité jusqu'aux sociaux-démocrates, sauf que pour lui les sociaux-démocrates sont représentés en Europe par Syriza en Grèce, ou Podemos en Espagne, et que dans son esprit les « sociaux-libéraux » français, François Hollande ou Manuel Valls en tête, ne représentent plus « la gauche » mais sont passés avec armes et bagages dans le camp d'en face, celui de la droite...
Avec l'économiste Liêm Hoang-Ngnoc, ancien député européen et toujours membre du PS, il a donc entrepris de tracer le contour idéologique de cette nouvelle union de la gauche, dans un « Manifeste des socialistes affligés » intitulé La gauche ne doit pas mourir (le blog sur Mediapart des socialistes affligés est ici).
Un « affligé » combatif, qui critique à boulets rouges l'idée selon laquelle il faudrait craindre les marchés ou la fuite des multinationales : « C'est un fantasme entretenu, comme l'obsession de la dette, qui est un loup-garou. »
Se défendant de tout excès (« Ce qui est excessif, c'est la politique économique du gouvernement ») il qualifie de « putsch idéologique » la nomination de Manuel Valls à Matignon, et la Cinquième République de « césarisme obscène » ou de « bizarrerie en Europe ».
Pour lui, les « sérieux », ceux qui « dispensent les leçons d'austérité en se trompant en permanence », au nom du fameux « Tina » de Margaret Thatcher (« There is no alternative »), ne sont pas des économistes mais des idéologues.
L'alternative politique, développée par Philippe Marlière dans Objections, devrait conduire à ne plus s'enfermer dans le refus de toute alliance (il vise Besancenot) et à admettre (il pense à Mélenchon) que l'avenir ne passera pas par l'effondrement des sociaux-démocrates mais au contraire par leur ancrage à gauche.
À ce titre, il regarde avec intérêt le mouvement des frondeurs, en espérant qu'ils passeront, « avant qu'il ne soit trop tard », de l'abstention à un refus clair et net.
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