« C'est compliqué de mobiliser en ce moment. » Jean-Paul, septuagénaire, ne croit pas si bien dire alors que la manifestation annoncée par le collectif 3A n'a pas tout à fait commencé. « J'ai appelé des amis ce matin, ils étaient d'accord avec moi sur l'objet de la mobilisation mais la plupart m'ont dit qu'ils n'en avaient pas le courage. » Des courageux, il y en avait pourtant, 30 000 à Paris selon le Parti de gauche (7 000 selon la police) et 100 000 à l'échelle nationale, soit nettement moins que lors de la précédente mobilisation du 12 avril, où entre 25 000 (préfecture) et 100 000 (organisateurs) personnes s'étaient réunies contre l'austérité. Des membres d'association, des syndiqués (CGT, FSU, Solidaires), des partis de gauche (NPA, Front de gauche, PCF, Nouvelle Donne, EELV...) et tout simplement des citoyens qui ont défilé de la place Denfert-Rochereau jusqu'à l'Assemblée nationale pour dire non à l'austérité.
Dans le défilé de ce 15 novembre, on pouvait apercevoir en tête de cortège le leader du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon, le secrétaire national du Parti communiste Pierre Laurent, le porte-parole du NPA Olivier Besancenot, Clémentin Autain du collectif Ensemble, Pierre Larrouturou de Nouvelle Donne ou encore Liêm Hoang Ngoc, représentant les « socialistes affligés ». Ces derniers ont tenu à dénoncer les politiques d'austérité ayant lieu dans la plupart des pays européens. Parmi les slogans, on pouvait lire « l’austérité tue », « oui à la transition » ou encore « ils ont trahi Jaurès ». Le long du boulevard Montparnasse, le cortège a mêlé retraités, “étudiants en colère”, militants de Droit au logement (DAL), mouvement des chômeurs et même quelques zadistes (en référence aux ZAD, zones à défendre, comme au Testet ou à Notre-Dame-des-Landes).
« C'est maintenant qu'il faut se mobiliser », a déclaré un des zadistes rouennais souhaitant rester anonyme. « En 2017, ce sera trop tard, avec Marine Le Pen et Sarkozy. Nous, on est venus sans affiliation partisane, simplement pour dénoncer l'austérité. » Lui et deux de ses amis étaient à Rouen jeudi pour tenter de mettre en place une nouvelle ZAD dans le centre-ville. « On s'est fait dégommer par la police. C'était violent, on a dit qu'on était là pour Rémi Fraisse et un flic a répondu "il l'a bien mérité" », assure-t-il vidéo à l'appui.
Scandant des slogans anti-austérité, anti-Valls, anti-Macron, les milliers de manifestants ont marqué leur rejet de la politique menée par le gouvernement. « Ici, 80 % des gens vous diront qu'ils ne voteront plus pour les socialistes », a proclamé Daniel Montré, militant PCF qui précise avoir été sur une liste Front de gauche aux dernières élections municipales à Évry, bastion de Manuel Valls (maire de 2002 à 2012). « J'étais place de la Bastille en 2012 avec de l'espoir, les socialistes ont retourné leur veste, ils ont sali la gauche », s'est insurgé le militant.
Le collectif 3A organisait également une trentaine de manifestations dans plusieurs villes françaises, dont Toulouse (5 000 personnes), Bordeaux ou Strasbourg « contre le budget d'austérité inefficace », qui doit être voté mardi à l'Assemblée, et la « répression accrue des mouvements sociaux, écologiques et citoyens », à la suite de la mort de Rémi Fraisse.
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