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Hollande plus interventionniste que jamais dans un «monde cruel»

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C'est un exercice auquel se prête, chaque année, le président de la République. Un long discours pour expliquer et justifier la position de la France dans le monde. La conférence des ambassadeurs, grand moment pour le corps diplomatique français, est l'occasion de tracer les grandes lignes de la politique extérieure de la France. La mise au point a été sans surprise, alors que l'armée française est directement engagée dans deux pays africains depuis l'an dernier, que ces derniers mois ont vu progresser plusieurs conflits, notamment en Ukraine, où la diplomatie française s'est montrée largement en retrait, et que sur Israël/Palestine, la position de François Hollande s'était déjà nettement démarquée de ses prédécesseurs.

Pas surprenant, donc, que Gaza ne soit évoqué qu'au bout du dix minutes de discours, sans un mot sur l'agression israélienne. François Hollande évoque la « troisième crise de Gaza », et dit vouloir « assurer une supervision internationale de la destruction des tunnels, sécuriser les points de passage entre Gaza d'une part, Israël et l'Égypte d'autre part, et enfin, donner à l'Autorité palestinienne les moyens de répondre à la crise humanitaire et d'entreprendre, une nouvelle fois, la reconstruction de Gaza ».

Sur l'Irak en revanche, les ennemis sont identifiés : une « organisation barbare », un « terrorisme » qui « se nourrit du chaos » – des accents qui rappellent la conférence des ambassadeurs de l'an dernier, lorsque le président s'était prononcé pour une intervention en Syrie, et dont il a encore regretté, ce jeudi, qu'elle ait fait défaut. François Hollande s'est ainsi montré très offensif, rappelant que la France envoie maintenant en Irak non seulement de l'aide humanitaire à destination des réfugiés au Kurdistan irakien, mais aussi des armes « aux forces engagées en première ligne contre l'État islamique ». Le montant de ce soutien militaire, toutefois, restera confidentiel.

Cette décision d'armer les combattants kurdes a été suivie par d'autres pays européens – notamment l'Italie, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, pourtant peu encline à intervenir de la sorte ; preuve, selon le président, que la France est sur une ligne cohérente aux yeux de ses partenaires. Et elle entend bien rester en première ligne de ce dossier. Non seulement François Hollande a affirmé la nécessité, pour la communauté internationale, d'armer les forces de l'opposition qui affrontent l'État islamique, mais il a également appelé à une conférence internationale sur l'Irak, à Paris, « dès que le gouvernement irakien sera constitué, afin que les Irakiens se rassemblent ». Fait nouveau, ces discussions pourraient inclure l'Iran, explique-t-on à l'Élysée, si ce dernier pays montre, de façon incontestable, son renoncement au nucléaire militaire.

La conférence des ambassadeurs en intégralité © Présidence de la république

À plusieurs reprises dans son discours, le président a ainsi défendu une ligne militariste et tiré la couverture à lui. « Nous sommes critiqués, en France – pas à l'étranger : on nous reproche d'agir seuls. Mais nous ne sommes pas seuls, nous sommes les premiers, c'est différent. » Le président a d'ailleurs tenu à justifier l'intervention de l'armée française sur les deux théâtres africains que sont le Mali et la Centrafrique, constatant qu'elle avait porté ses fruits : la « démocratie a été rétablie » au Mali ; « Nous avons évité les massacres » en République centrafricaine. Pourtant, dans un cas comme dans l'autre, les problèmes sont bien loin d'être résolus : la situation demeure extrêmement instable au Mali tandis que la population centrafricaine est prise en étau entre les bandes armées.

François Hollande a eu beau s'afficher à la pointe sur la scène internationale, répétant que la France ne peut rester indifférente à ce monde vu comme « dangereux, brutal, cruel » et affirmant que l'intention de la France, même si elle intervient en premier, « est toujours d'agir avec ses partenaires européens », force est de reconnaître que sur l'Ukraine, loin d'être les premiers, les Français sont longtemps restés absents et flous sur leurs intentions. C'est Angela Merkel qui assure ces dernières semaines les tentatives de médiation entre Kiev et Moscou.

« Plus que jamais, l'Europe doit être présente, dans un monde où la neutralité ne lui est pas permise », a déclaré le président, qui a tenté de remettre la France au centre du jeu en rappelant que la première rencontre entre Vladimir Poutine et Petro Porochenko avait eu lieu précisément en Normandie, le 6 juin dernier. « Depuis, la chancelière et moi-même avons poursuivi nos démarches pour nouer les fils du dialogue », a ainsi avancé François Hollande, appelant même à une réunion entre la France, l'Allemagne, la Russie et l'Ukraine : « une réunion dans le format Normandie, on peut dire que maintenant la marque est déposée » (sic)... Exit, au passage, la Pologne, pourtant très active, elle, dès le début de la crise ukrainienne, et plus proche, culturellement et historiquement, de ce pays voisin.

En matière européenne également, François Hollande a tenté de s'affirmer pour raccrocher les wagons. « L'Europe doit changer, a-t-il dit. Elle doit remettre en cause un certain nombre de politiques, clarifier son organisation, retrouver le soutien des peuples et surtout, gagner la bataille de la croissance de l'emploi. » Pas sûr toutefois que le programme d'investissements annoncé par Jean-Claude Juncker et qui sera au menu des discussions à Bruxelles ce samedi 30 août sera à la hauteur de ces ambitions. D'un montant de 300 milliards d'euros, ce programme aurait bien été rehaussé à 1 000 milliards d'euros pour le parti socialiste.

Dans une version initiale de son discours, François Hollande soulignait d'ailleurs : « Nous pourrions même aller plus loin. » Mais devant les ambassadeurs, il a pris finalement acte de ces 300 milliards – qui consistent en réalité davantage en la mobilisation de fonds déjà existants qu'en un plan de relance –, précisant qu'il fera en sorte que ce plan soit « confirmé, mis en œuvre, et dans les meilleurs délais ». L'idée des 1 000 milliards est donc définitivement enterrée, comme semblaient déjà l'indiquer les récents propos de Pierre Moscovici, lequel se destine à un grand portefeuille économique au sein de la nouvelle commission qui devrait être formée à Bruxelles d'ici le 10 septembre.

Qu'importe si les propos présidentiels sont en totale contradiction avec les moyens – sans parler de la politique économique intérieure –, François Hollande entend défendre, lors du conseil européen de samedi, « une nouvelle initiative de croissance » ainsi qu'un allègement des critères de réduction des déficits budgétaires. Il compte proposer « un sommet de la zone euro pour prendre les décisions nécessaires ». Un sommet de plus, donc, pour un président qui, pour l'heure et malgré les annonces, n'a pas infléchi la politique d'austérité européenne.

A lire aussi sur le blog de Tuxicoman : Un attentat aux USA en 2009 planifié par le FBI


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