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PS du Gard: petites tueries et grand naufrage politique

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Quand il est arrivé à la manade de Vauvert, propriété du « roi des poubelles » Louis Nicollin, pour ritualiser son « Solutré » à lui, le 6 juillet, Manuel Valls s’attendait à parler devant plus de monde. Le Gard dispose d’une des rares « fédérations hollandaises », où les soutiens au premier ministre sont nombreux. Mais ce dimanche, ils n'étaient que 100 à 150 socialistes pour l’accueillir. Dans une fédération qui « pesait » encore plus de 2 000 cartes au dernier congrès de Toulouse et avait voté très majoritairement pour la motion 1, ça fait mauvais genre.

En choisissant le Gard pour participer à l’écriture de son récit personnel de conquête, Manuel Valls a voulu pointer une terre de mission face au FN : ce département est le seul où le parti d'extrême droite est arrivé en tête aux élections municipales. Mais le premier ministre a pris le risque de mêler son ascension politique à une fédération en plein délitement et en proie à d’intenses déchirements, sur fond de soupçons de dérives financières. Secoué il y a trois mois par le jugement de « l’affaire Bouvet », cette permanente qui a détourné près de 380 000 euros en cinq ans dans l’indifférence générale (lire ici notre enquête et le jugement ici), le « PS 30 » est désormais le théâtre d’un affrontement quasi shakespearien, entre son premier fédéral et son trésorier.

Stéphane Tortajada, patron de la fédération, et Bernard Casaurang, trésorier, s’accusent mutuellement de malversations financières et comptables. Ils ont tous deux déposé plainte. L’affaire est entre les mains de la procureure de Nîmes qui a ouvert une enquête préliminaire. Dans la presse locale s’étalent les accusations, tandis que Le Canard enchaîné a révélé que le premier fédéral Tortajada avait également eu une entreprise de livraison de sex toys, en association avec une permanente de la fédération (association qu'il réfute).

Longtemps désintéressée et sur la réserve, la direction nationale du PS n’a plus eu d’autre choix que d’entrer dans le jeu, en déclenchant une mission d’enquête, puis en mettant sous tutelle la « fédé ». Vendredi 11 juillet, elle a également annoncé le dépôt d’une plainte contre X, mais sans faire davantage de commentaires. Aujourd’hui, la situation de blocage est manifeste, les haines recuites, et la dépolitisation totale. Ce conflit incarne à sa façon le « socialisme à l’arrêt » du quinquennat Hollande.

Bernard Casaurang, Stéphane Tortajada et le président du conseil général, Damien Alary, en 2012.Bernard Casaurang, Stéphane Tortajada et le président du conseil général, Damien Alary, en 2012. © dr

Aux origines de l'histoire, il y a Stéphane Tortajada et Bernard Casaurang. « Torta » et « Casau ». Les deux hommes se connaissent depuis longtemps. Le premier, lorsqu'il était jeune entrepreneur, était dans la section nîmoise de l’ancien vice-président du conseil général, ancien président du groupe PS d’opposition à Nîmes. Puis Tortajada est devenu secrétaire d’une autre section de la ville, avant qu’ils ne prennent ensemble la fédération du Gard à l’automne 2012, après l’élection de François Hollande. Avec la bienveillance des proches de François Hollande et l'accord des strausskahniens, réunis dans la grosse motion majoritaire conduite par Harlem Désir pour le congrès de Toulouse. Quant à Manuel Valls, il a pu compter sur la « fédé » pour veiller à l'implantation du chef de cabinet du premier ministre, Sébastien Gros, deuxième de la liste PS à Nîmes aux dernières municipales.

« C'est l'histoire d'une grande proximité, quasi filiale, qui part en vrille, entre un premier fédéral et un trésorier qui l'a fait roi, soupire un dirigeant national. Aujourd'hui, ils s'accusent mutuellement, mais sans apporter d'éléments objectifs solides… » « L’un accuse l’autre de travaux fictifs, alors qu’ils ont eu lieu, l’autre de dépenses somptuaires, qui ne le sont pas, résume un parlementaire, dépité. Plus personne ne comprend la finalité des manœuvres de chacun. Il n’y a plus rien de politique ni de rationnel, le règlement de comptes a pris le pas sur tout le reste. »

Les versions diffèrent sur l’origine du désaccord. Contactés, les deux protagonistes disent avoir « tous les documents » pour prouver ce qu’ils avancent, et en communiquent certains. Pour Casaurang, Tortajada est « un truqueur et un menteur compulsif ». Pour Tortajada, pour qui Casaurang est « la personne dont j’étais le plus proche au PS », la pièce qui se joue, « c’est Cronos contre Brutus ». Soit le titan mythologique dévorant ses enfants, contre le fils adoptif de César tuant son père. Tout un programme, à l’ombre des arènes antiques de Nîmes.

Pour Stéphane Tortajada, le point de départ de son différend avec Bernard Casaurang est une facture de travaux de toiture réalisés en 2007, que le trésorier lui aurait présentée déjà réglée. « Je ne comprends simplement pas pourquoi on paye une facture sept ans plus tard, alors que celle-ci n’a jamais été provisionnée jusqu’ici », dit le premier fédéral. Dans un premier temps, il s’interroge même sur la réalité des travaux. « Bien sûr qu’ils ont eu lieu, et ils ont été décidés avec l’accord de la commission financière, s’étrangle Casaurang. Il y a un arrêté municipal qui a autorisé l’échafaudage, on a même des photos ! »

Reste la question de savoir pourquoi un paiement six ans plus tard ? « Mais parce que chaque année, Nathalie Bouvet nous disait qu’on ne pouvait pas payer, vu l’état des comptes ! », dit « Casau ». Nathalie Bouvet, cette permanente condamnée pour détournements de fonds et que Tortajada a démasquée, serait la cause, selon lui, de ses déboires (lire notre enquête). « On me fait payer d’avoir porté plainte, dit Tortajada. On veut me bâillonner. »

Alliés aux représentants locaux des motions minoritaires et « rénovateurs » gardois, le trésorier lance une pétition militante (lire ici) et alerte Solférino par un signalement détaillé (lire ici) où il liste ses griefs vis-à-vis de Tortajada. Casaurang regroupe une large majorité du conseil fédéral fin avril, qui s’est réunie en l’absence du premier fédéral pour appeler à une tutelle de la direction nationale socialiste, et au retour de l’ancien expert-comptable, pourtant critiqué par les juges pour son laisser-faire dans l’affaire Bouvet. « Il a pourtant fait une douzaine de lettres d’observation à l’époque, assure Casaurang en défenseur de l’expert, par ailleurs membre de sa section au PS. Mais elles ont été déchirées ou cachées, j’en ai retrouvé une. »

Siège de la fédé du PS 30, à NîmesSiège de la fédé du PS 30, à Nîmes © capture d'écran France 3

Pour le camp Casaurang, c’est parce que l’expert-comptable a refusé de clôturer des comptes que le trésorier refusait de contresigner, que tout s’est dégradé. « L’astuce machiavélique de Tortajada, c’est de faire croire qu’il remplace l’expert à cause de l’affaire Bouvet, estime le cadre fédéral rénovateur Joseph Ferré. Mais il lui avait renouvelé son contrat pour trois ans quelques mois avant ! » Dix jours avant le conseil fédéral du 24 avril, l’expert-comptable proche de Casaurang se voit refuser l’accès aux factures et aux justificatifs de frais. Puis il est remplacé par un autre expert-comptable, proche de Tortajada.

Ce dernier s’agace des reproches de son trésorier devenu ennemi juré. « Si l'on ne cautionne pas, on démissionne. Vous pensez franchement que c'est sérieux de conserver l'ancien comptable, après l'affaire Bouvet ? Casaurang joue les vertueux, alors qu’il était tout le temps là avant, et au courant de tout. »

Pour Casaurang, c’est justement à force de le côtoyer qu’il a pris ses distances, pour ne pas cautionner un comportement qu’il juge solitaire et suspect. « Je me suis peu à peu rendu compte que Tortajada essayait de me balader. On n’est pas dans des détournements à la Guérini (Bouches-du-Rhône) ou à la Navarro (Hérault), mais c’est de la petite escroquerie. » Et d’égrener des « achats dans (son) dos », de logiciels comme d’enrouleur à tuyau d’arrosage. Il évoque aussi l’ouverture d’un sous-compte avec carte bleue à la banque, « toujours dans (son) dos », ou encore du liquide retiré afin d’offrir à boire à la feria, des voyages à Paris et Marseille « sans objectifs clairs », des « discordances entre les bordereaux d’adhésion et les sommes déposées à la banque », comme autant de soupçons de fausses cartes d’adhérents.

« Un jour, je le lui ai notifié, et je lui ai dit que ça ne durerait pas. Et il est rentré dans une colère folle », dit Casaurang. Depuis, il dit faire l’objet de menaces et d’intimidations, et ne comprend pas que Solférino ne bouge pas, ou si peu. « C’est une forme d’humiliation sans justice. On dit qu’on est dans une République exemplaire, et on me dit de fermer les yeux ! »

Le 9 juillet, un article du Canard enchaîné a rendu publique une partie des reproches faits à Tortajada, faisant état de notes de frais excessives, d’un « budget cadeaux » de 2 000 euros ou d’un diagnostic thermique à 1 500 euros, commandé à un entrepreneur ami (et non cousin). Sa défense est souvent la même, relativisant ou minimisant sans cesse la portée des critiques, au regard des sommes concernées.

« Les frais de réception et de voyages dont on parle ont profité à tous » ; « On parle de 25 000 euros, soit 10 % du budget de la fédé, la même proportion que les années passées » ; « On a payé des formations et les déplacements de tous » ; « Les 2 000 euros de cadeaux, ce sont pour les militants, la maroquinerie c’est un cadeau au plus vieux militant gardois lors d’une fête en son honneur » ; « Le diagnostic thermique a été fait aux prix du marché ».

"Le Canard enchaîné" du 9 juillet"Le Canard enchaîné" du 9 juillet

« On a bien examiné les notes de frais du premier fédéral, explique Benjamin Mathéaud, secrétaire de section à Alès et proche de Tortajada. Elles représentent 730 euros par mois, pour quelqu’un qui n’est pas du tout indemnisé par le parti, n'est pas salarié comme attaché parlementaire ou comme conseiller dans un cabinet de collectivité locale. » Un autre ami du premier fédéral estime : « Quand tu es premier fédéral et que tu n’es pas élu, soit tu marches au pas, soit tu t’exposes à des problèmes… »

Tortajada souligne souvent combien « ne pas avoir les codes » semble être un handicap, pour cet entrepreneur dans le bâtiment que beaucoup parmi ses adversaires présentent comme « brutal ». Pourquoi engage-t-il des dépenses dans le dos de son trésorier, et sans l’accord de la commission financière ? « Et pour changer un pneu, il faut que je demande aussi au conseil fédéral ? »

Quant à cette promotion d’une permanente au statut de cadre, pourquoi s'est-elle faite sans concertation ni validation du conseil fédéral ? « Casaurang lui a offert des chocolats à Noël, et disait la considérer comme sa nièce, contre-attaque Tortajada. Il ne s’est jamais offusqué de cette promotion, survenue avant notre clash. C’est une personne ressource, pas plus payée que la précédente. Si désormais la promotion sociale est interdite au PS… » Tortajada ne saisit pas les accusations de son trésorier. « Il a fait des chèques jusqu’en décembre, mais comme on ne se parlait plus, on a tous fait des chèques dans le dos de l’autre, estime-t-il. Il ne vient plus à la fédé depuis septembre dernier. En tout cas plus à ma rencontre. Il dit ne pas avoir eu accès à des documents. Mais il ne les a même pas demandés ! »

Quid de la nouvelle carte bleue, qu'il s'est octroyée dans le dos de son trésorier ? « C’est parce que notre “compte dépenses” était trop vieux qu’ils nous ont dit de créer un sous-compte, j’ai un mail de la banque qui explique ça, répond Tortajada. Ça permet aux permanents de ne pas avoir à faire d’avance de leurs poches, quand ils vont acheter des fournitures ou de quoi faire un apéro militant. »

Le fait de faire travailler ses proches ? « Et Casaurang, il le fait pas ? Le gars qui a élagué les arbres de la fédé n’est pas du tout celui qui s’est occupé de ses arbres à lui ? Dans cette fédé, on a toujours fait bosser les gens qu’on connaît. Ça vaut pour tous les cadres, tous les élus, mais pas pour moi ? » « “Torta”, c’est un sanguin, mais sa brutalité est à mettre en regard du contexte extrêmement difficile et hostile dans lequel il se trouve, estime Chloé Filot, responsable locale du courant hollandais et représentante gardoise sur les listes aux européennes. Il est un intrus dans un jeu très institué et le bouleverse. Jusqu’à ce que ça s’envenime avec “Casau”, personne n’avait grand-chose à lui reprocher. »

Surtout, le premier fédéral aujourd’hui en difficulté martèle que pour la première fois depuis sept ans, le bilan comptable de la fédération a dégagé un exercice positif de 40 000 euros, là où elle s’enfonçait dans les déficits auparavant. Une version fortement relativisée par ses adversaires. « Heureusement que les comptes sont excédentaires, vu qu’il n’y a plus Nathalie Bouvet et qu’on ne fait plus rien !, explique une élue locale. Aucun tract, aucun meeting, plus de fête de la rose… Ici, le socialisme s’est arrêté. » Nicolas Cadène, un cadre fédéral proche de Ségolène Royal, abonde : « Il y a un grave problème politique, au-delà des inimitiés. Les instances internes ne sont plus réunies, le PS local est en train de mourir à petit feu. »

Le « seul reproche » que Stéphane Tortajada entend, c’est le déficit d’animation politique de ces derniers mois. « C’est vrai que je n’ai pas convoqué les instances ces derniers mois, pendant les campagnes municipales, dit-il. Je pensais que tout le monde privilégierait le terrain. » « On ne peut pas reprocher à Tortajada de ne pas faire tourner une fédération, quand on ne s’y investit pas soi-même », appuie un proche du premier fédéral. À ceux qui jugent les dépenses de réception bien élevées pour une fédération atone, il réfute : « Depuis que je suis élu, on a eu un événement par mois, occasionnant à chaque fois des frais de ce type. » Et de citer les visites ministérielles de Manuel Valls et de Stéphane Le Foll, ou de secrétaires nationaux du parti. 

Manuel Valls, à VauvertManuel Valls, à Vauvert © capture d'écran France 3

Mais sur le terrain, les conséquences de ce blocage sont désastreuses : après des municipales où le FN s’est hissé en tête des votes, et où le PS s’est ridiculisé dans l’entre-deux tours à Nîmes (lire ici), les européennes ont été marquées par une forte désertion militante, constatée par tous. « Le crash des municipales a accentué les tensions, explique un militant local. La coalition hétéroclite et changeante qui l’a porté au pouvoir se retourne aujourd’hui contre lui. Mais ça peut encore changer en fonction des intérêts de chacun. »

Ce qui marque la plupart des socialistes gardois, c’est la violence qui entoure l’affaire. « C’est le Gard… Ici, on fait de la politique avec une brutalité sans nom, dit une militante. C’est “Game of Thrones” : ce sont les derniers à rester vivants qui s'assiéront sur le trône de fer. Et encore, pas pour longtemps… » « Aux ressentiments personnels se sont ensuite ajoutées une rébellion de la base militante contre les grands élus du département et une mise en retrait de ceux-ci, explique Alain Fontanel, dirigeant national dépêché en mai par Solférino pour tenter d’apaiser les tensions. Du coup, la situation échappe à tout le monde. » Les “grands élus” du département, parlementaires et conseillers généraux, n’ont plus le premier rôle dans la fédération, depuis l’exclusion temporaire d’une bonne partie d’entre eux lors de l’affaire des listes régionales de Georges Frêche, en 2010.

Et vu le climat délétère, aucun n’a franchement envie de s’investir pour tenter de calmer le conflit. D’autant qu’une bonne partie d’entre eux n’a goûté que modérément les demandes de paiement d’arriérés de cotisation, faites par le premier fédéral Tortajada, après qu’il leur a fait savoir dans une note (lire ici) que seulement 47 % du montant attendu des cotisations d’élus avaient été versés en 2013. S’ajoute aussi le fait que personne parmi ces élus ne comprend réellement ni la nature ni l’ampleur des désaccords.

« La sagesse commande de ne pas partir tête baissée pour choisir un camp a priori, alors qu’il est question d’intégrité et que personne ne voit les preuves des uns et des autres », résume un élu régional. « S’impliquer, dans ce contexte, ça revient à jeter de l’huile sur le feu », dit le député Fabrice Verdier. Quant au président du conseil général, Damien Alary, il est aux abonnés absents. « Dans cette histoire, il n’y a ni bon ni mauvais, et aucune structuration politique autour de leaders, dit-on à Solférino. Alors ça part à la dérive. »

Jusqu’ici attentiste, la direction nationale du PS a dû sortir de sa réserve. En refusant de valider les comptes de la fédération, Tortajada a pris le risque de ne pas les voir consolidés dans ceux du PS auprès de la commission nationale des financements politiques. « Tortajada s’est tiré une balle dans le pied, car du coup la fédération perd son statut d’association pouvant recevoir financements publics et cotisations, ce qui ne peut plus passer que par le national, explique-t-on à Solférino. On n’avait pas d’autre choix que la tutelle. »

Depuis que Solférino est entré en action, la communication est minimale. Avec la nomination d'une mission d’enquête (qui doit rendre rapidement un rapport), l'envoi d'un expert-comptable parisien pour vérifier les comptes, la mise sous tutelle et le dépôt de plainte, le siège national du PS marche sur des œufs. Secrétaire national à la rénovation, Emeric Bréhier précise que cette plainte est « contre X » (ce que n’indique pas le communiqué du parti), et refuse d'en donner le motif (« Vous verrez bien »).

Pour ce dirigeant national, responsable de la tutelle gardoise, il s’agit d’une « mesure de précaution pour préserver les intérêts du parti et non d’une démarche judiciaire dirigée vers qui que ce soit. On ne sait absolument pas à ce stade quels sont les problèmes qui pourraient être dévoilés ». Pour son prédécesseur préposé aux mises sous tutelle, Alain Fontanel, « c'est une tutelle sur le modèle du Pas-de-Calais, davantage qu'une tutelle à la marseillaise ou à l'héraultaise ». Façon de dire qu’il ne s’agit pas de pointer, pour l’heure, les dérives financières d’un Guérini ou d’un Navarro, mais plutôt de constater « un grave dysfonctionnement fédéral ». Récemment, la fédération du Pas-de-Calais a élu un premier secrétaire, après un an de mise sous tutelle de ses sections, rappelle-t-on.

Quant aux présumées malversations comptables, pour Alain Fontanel, le PS ne peut que se contenter d’« avoir une évaluation et un débat sur l'opportunité de certaines dépenses ». À ses yeux, « les soupçons de détournements et de fausses factures sont du ressort de la justice, qui a des moyens d'enquête que nous n'avons pas pour faire un travail complet de vérification ».

Pour l’instant, cette tutelle ne ravit aucune des parties en conflit. Côté « Casau », on ne comprend pas pourquoi « Torta » reste en poste. Côté « Torta », on s’inquiète de n’être prévenu de rien, alors même qu’il est annoncé que cette tutelle se fera « en coordination ». « Je n’ai toujours pas eu le rapport de la mission, mais on me met sous tutelle avant, ce qui est contraire aux statuts, proteste Tortajada. Où est le respect du principe contradictoire ? »

Aujourd’hui, la banque refuse d’accepter les chèques et aucun des deux permanents n'a été payé au mois de juin. « On n’a pas le mode d’emploi », explique-t-on dans l’entourage du premier fédéral, où l’on ne se prive pas de répéter que « le national n’est jamais venu en aide à Stéphane ». Ce dernier estime vivre « un congrès avant l’heure, un règlement de comptes à l’intérieur du camaïeu de la motion 1 ».

L’un des chefs de file de la « fronde », Joseph Ferré, tente de resituer le débat sur l’urgence politique : « Nous, on demande juste que la fédé fonctionne. Et il n’y a pas 36 solutions : Tortajada et Casaurang devraient être mis en retrait le temps que la justice tranche leur désaccord. Si les responsables locaux et nationaux de la motion 1 trouvaient un hollandais de remplacement, il serait accepté par tout le monde. Mais faire cela, c’est reconnaître qu’ils n’ont pas fait le bon choix. » Pour le député Fabrice Verdier, ancien premier fédéral, la tutelle ne peut qu’améliorer les choses : « Un regard extérieur doit permettre de retrouver de la sérénité et une feuille de route, avec une direction collégiale, qui analyse enfin les défaites et se réunit à nouveau pour faire de la politique. »

D’autres souhaitent aussi que « le ménage soit fait dans les cartes » et dénoncent le poids de la section de Bagnols-sur-Cèze. Cette section a largement contribué à l’élection de Tortajada comme premier fédéral (lire ici), et avait déjà conduit Solférino à retarder le vote d’investiture aux dernières municipales (lire ici). « Ce n’est jamais bon pour la fluidité du fonctionnement d’une fédération, quand une section est aussi importante », fait-on remarquer à Solférino, tout en notant que « les adhérents existent et viennent voter, même s’ils ne font souvent que ça ».

« L’objectif est de sortir collégialement par le haut de toute cette histoire, temporise posément Emeric Bréhier. On peut compter sur moi pour que les gens se reparlent. » Ce proche de Pierre Moscovici se dit confiant, quand d’autres le pensent peu conscient de la situation. « J’ai été premier fédéral en 2005 à la tête d’une fédération à feu et à sang (la Seine-et-Marne, ndlr), dit-il. Je sais comment ça peut fonctionner. Je suis d’une nature optimiste, mais je ne suis pas naïf. »

En tout état de cause, tout le monde semble se faire à l’idée que cette tutelle durera jusqu’au prochain congrès, dont la date sera arrêtée en septembre, et oscille entre les printemps 2015 et 2016 (avant ou après les régionales, prévues en décembre 2015). « Il faut que l’outil fédéral soit clarifié pour cette échéance », confirme Emeric Bréhier. Celui-ci doit se rendre à Nîmes cette semaine, et pourrait convoquer un conseil fédéral. Le premier de la délicate tutelle gardoise.

BOITE NOIREDepuis dix jours, j'ai eu une quinzaine de protagonistes au téléphone, pour certains à plusieurs reprises, afin de réaliser cet article. Certains ont tenu à s'exprimer sous couvert d'anonymat. Ni le parquet de Nîmes ni l'expert-comptable dépêché par la direction nationale du PS n'ont retourné nos mail et appel.

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